Après le décès d'une patiente et la mise en examen d'une anesthésiste, l'ARS devait annoncer les principales conclusions de l'enquête sanitaire et se prononcer sur la fermeture définitive ou non de la maternité d'Orthez dans les Pyrénées-Atlantiques, déjà menacée par des problèmes de recrutement.
Sans explication, l'Agence a cependant annulé la tenue du point de presse initialementprévu, indiquant seulement qu'"un communiqué de presse sera diffusé dans l'après-midi".
Dès jeudi, le directeur de l'Agence, Michel Laforcade, avait affirmé qu'il ne se voyait "pas rouvrir cette maternité, sachant que je serai obligé au 11 octobre, date limite, de constater que les conditions du côté des obstétriciens ne sont absolument pas remplies".
L'anesthésiste, de nationalité belge, a reconnu avoir un "problème pathologique d'alcool" et présentait le soir de l'accident fatal un comportement anormal, selon des témoins.
Pour le maire d'Orthez, Yves Darrigrand, les problèmes de démographie médicale dans sa ville sont au coeur du drame : "La tournure dramatique de l'événement" tient précisément au fait qu'"il n'y avait pas d'anesthésiste de remplacement et qu'il fallait que ce soit elle qui fasse le boulot", a-t-il jugé sur RTL.
L'accident est survenu dans la nuit du 26 au 27 septembre lors de l'accouchement par césarienne, sous anesthésie générale, d'une parturiente âgée de 28 ans. Victime d'un arrêt cardiaque, elle avait été transférée à l'hôpital de Pau, où elle est décédée le 30 septembre. Son bébé est sain et sauf.
Convoquée, l'anesthésiste, âgée de 45 ans, s'était présentée le 30 septembre devant les gendarmes avec un taux d'alcool de 2,40 g/l de sang.
Elle a été placée jeudi en détention provisoire à la maison d'arrêt de Pau après sa mise en examen pour "homicide involontaire aggravé", passible de cinq ans d'emprisonnement, selon le Procureur de la République de Pau, Jean-Christophe Muller.
Sans qu'il soit établi si elle était ivre au moment des faits, l'anesthésiste présentait ce soir-là "un comportement bizarre", a souligné le Procureur, l'équipe médicale citant "des difficultés d'expression, de compréhension et des problèmes de réactivité".
Yves Darrigrand, qui préside le conseil de surveillance de l'Hôpital d'Orthez, a vivement déploré sur RTL que l'anesthésiste belge mise en examen ait été "la seule" à pouvoir intervenir au moments des faits.
"Fragilité du système"
"Il n'y avait pas de solution de remplacement et c'est précisément ça la fragilité du système, que je ne veux pas voir se prolonger ni se reproduire", a lancé le maire."Ma position est la même que celle du directeur régional de la Santé, c'est-à-dire que s'il n'y pas de sécurité assurée, il faut que la maternité soit déplacée parce que l'on ne peut pas faire prendre de risques aux parturientes qui viennent à Orthez".
En cas de fermeture, les futures mères devraient se rendre à Pau ou à Dax situées à 40 km, ou encore à Bayonne qui est à 60 km.
Le maire d'Orthez a de son côté pointé du doigt "un problème dramatique de démographie médicale" qui est "absolument catastrophique" en France, assurant que l'hôpital voyait "défiler des gens de toutes nationalités".
L'anesthésiste belge avait été récemment recrutée et exerçait, à titre libéral, depuis le 12 septembre dans la clinique privée d'Orthez, voisine de la maternité publique.
Elle n'était pas membre du personnel de l'hôpital mais, en vertu d'une convention signée entre la clinique, l'hôpital public et l'ARS, l'anesthésiste intervenait le soir de l'accident pour le compte de l'hôpital et sous sa responsabilité, a expliqué le directeur par intérim du Centre hospitalier d'Orthez, Serge Roulet.
Anesthésiste depuis 1999, le médecin avait notamment exercé lors de contrats courts en France, en Belgique et lors de missions de coopération.