L'épidémie de coronavirus a vidé les stations de ski béarnaises.
Une situation inédite pour les professionnels. L'heure est au rangement avant le confinement général.
Gourette vaisseau fantôme
"Ce matin, il y a encore des gens qui viennent faire de la luge sur le front de neige!" Joint par téléphone un peu avant midi, Jean-François Esquerre reste étonné de la réaction de certaines personnes face au confinement.
Pour le directeur de la station de Gourette, en vallée d'Ossau, l'heure est au rangement et aux démarches administratives.
La fermeture avait été anticipée dès samedi après-midi, les jalons et filets rangés dimanche. Il a fallu débrancher tout ce qui pouvait craindre la foudre, descendre les véhicules au siège de l'EPSA (établissement public des stations d'altitude, entité qui chapeaute Gourette et La Pierre St Martin) à Izeste, et à midi, tout le monde devait avoir regagné son domicile.
Le télétravail sera la règle pour les statutaires.
"C'est la première fois que l'on ferme aussi précipitamment, tous les commerçants sont descendus, sauf quelques uns qui vivent là toute l'année".
Les saisonniers ont été mis en chômage partiel: "on a les expériences des années sans neige, on a appliqué les mêmes règles. Maintenant, on attend une décision plus précise des autorités."
La station est désormais un vaisseau fantôme
Gérer les saisonniers
Même chose à La Pierre St Martin, en vallée de Barétous, tout le monde devait redescendre avant midi. Les jalons ont été retirés des pistes dès dimanche, les électriciens ont tout débranché, les nivoculteurs aussi.
Pour les retaurants gérés par la station, la nourriture a été mise de côté, elle sera donnée à des associations.
63 saisonniers sont partis, une dizaine restait ce mardi pour finir de tout ranger. "Le plus difficile à gérer, c'est le statut des saisonniers, s'inquiète Dominique Rousseu, le directeur de la Pierre St Martin, on ne sait pas encore si c'est du chômage technique, partiel, on attend les directives officielles.
Heureusement, aucun cas de coronavirus à déplorer dans la station.
"Mais samedi, il y a eu beaucoup de monde, c'était une ambiance très particulière, comme si les skieurs cherchaient à fuir la réalité en altitude!"
Une saison à oublier
A la station de ski nordique du Somport, au fond de la vallée d'Aspe, l'enneigement était de toute façon trop faible pour tenir une semaine de plus."On a raccourci les contrats des agents, ce sont des contrats saisonniers sans terme de fin, pour une durée de 3 mois au moins; cela fait 4 mois que l'on a ouvert, ils n'ont pas perdu beaucoup", explique Bruno Guitton, le directeur du site.
Ici, 80% de la clientèle est espagnole:
"les hôtels ont fermé très vite de l'autre côté de la frontière, on n'avait plus beaucoup de clients. Samedi, on n'avait que deux familles françaises en raquettes!"
Bien loin des images de files d'attente aux caisses de Gourette ou La Pierre St Martin.
"Pour l'heure, on s'organise pour que les agents montent un par un, qu'il n'y ait pas de groupe, pour ce qu'il reste à faire."
La saison 2019-2020 restera un moment à part pour les professionnels de la montagne, entre neige dès fin novembre, chaleur et tempêtes en janvier et février, et maintenant cette épidémie.
"C'est une saison comme je n'en ai jamais vécu, ponctue Bruno Guitton. Une saison noire qu'on va essayer d'oublier très vite."