L'avocat général de la cour d'appel de Pau s'est prononcé mardi pour la remise à l'Espagne de Jokin Aranalde Olaondo, représentant des "exilés basques" et visé par un mandat d'arrêt européen (MAE) émis par Madrid. L'arrêt sera rendu le 24 septembre.
Jokin. Aranalde, 67 ans, visé par un mandat d'arrêt européen depuis avril dernier, avait été interpellé le 24 juin à Hélette (Pyrénées-Atlantiques), en vertu d'un MAE émis en 2013 par un juge de l'Audience nationale, la plus haute juridiction espagnole, qui lui reproche "d'avoir participé à une entreprise criminelle et terroriste pour des faits commis en Espagne en 2002".
Il a été récemment désigné par d'autres "exilés" comme l'un des porte-parole de ces Basques qui désirent rentrer chez eux mais redoutent des poursuites et veulent s'entendre avec l'Espagne et la France après l'abandon par l'organisation séparatiste basque ETA de la lutte armée.
Louis Parant, le président de la cour, a précisé que M. Aranalde est soupçonné d'avoir recruté deux agents pour l'ETA, dont sa propre fille, Maïté Aranalde, actuellement incarcérée à Poitiers.
De son côté, Me Amaia Recarte, avocate de Jokin Aranalde, a dénoncé un MAE "fondé sur une erreur manifeste" et qui "ne peut" donc "déboucher sur une remise à l'Espagne". Elle a notamment invoqué les dépositions à la police espagnole de la fille de son client et de l'autre personne et qui "n'ont jamais déclaré avoir été recruté par lui".
Autre conseil de M. Aranalde, Me Patrick Baudoin, avocat au barreau de Paris et président d'honneur de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), a insisté sur les "dérives du MAE" : "sous prétexte que les pays concernés par le MAE sont dans l'espace Schengen, ils sont présumés vertueux donc ne pratiquant pas la torture. Or, il a été démontré (...) que le cas de l'Espagne concernant la torture est contestable".
Soutenu à l'audience par une quarantaine de personnes, M. Aranalde a soutenu avoir été torturé en Espagne en 1967, 1968 et 2002.