Alors que le ministre de la Transitition écologique et solidaire Nicolas Hulot a récemment annoncé la réintroduction de deux ourses femelles dans le Béarn à l'automne prochain, une consultation publique est ouverte par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques ce 25 juin pour un mois.
À partir du 25 juin jusqu'au 25 juillet, "toute personne intéressée [par le projet de réintroduction de deux ourses dans les Pyrénées] peut adresser ses observations par voie électronique directement sur le site internet de la préfecture", annoncent les réprésentants de l'Etat dans les Pyrénées-Atlantiques.
Actuellement, seuls deux ours mâles survivent dans le Béarn, Néré et Cannellito. Ce dernier est le fils de Cannelle, la dernière représentante des Ours de Pyrénées tuée en 2004. Mais ces deux mâles seraient trop isolés des autres populations d'ursidés pour les rejoindre.
Pour "ne pas être le ministre qui assiste à la disparition de cette lignée", Nicolas Hulot a donc décidé que deux ourses seraient réintroduites dans le Béarn à "la fin de l'été ou à l'automne 2018".
Mais ce projet rencontre une forte opposition au niveau local.
Dans son dossier de consultation, la préfecture revient sur les trois réintroductions menées en France en 1996, 1997 et 2006.
On apprend aussi que "les ours Néré et Cannellito sont passés, temporairement pour le premier, des Pyrénées occidentales vers les Pyrénées centro-orientales" fin 2016 et en 2017.
Mais, selon le rapport, ces déplacements ne sont a priori pas susceptibles de permettre la reproduction de Néré et Cannellito, car "les femelles restent quand à elles cantonnées uniquement dans les Pyrénées centro-orientales. Etant philopatriques, les jeunes ourses s’installent en effet sur ou à proximité du territoire de leur mère. Par ailleurs, les ours Néré et Cannellito ne semblent pas avoir atteint la zone de présence connue des femelles dans les Pyrénées centro-orientales située plus à l’Est. "
"La population d’ours brun des Pyrénées demeure ainsi probablement l’une des populations ursines les plus menacées d’Europe" poursuit le rapport, qui évoque aussi le lieux probables de lâcher, en vallée d'Aspe et vallée d'Ossau tout en précisant "la localisation exacte du site du lâcher restera confidentielle".
Le rapport dresse aussi la liste des communes potentielles où pourraient avoir lieu le lâcher.
Quelles conséquences pour le pastoralisme et le tourisme ?
Parmi les points abordés dans le rapport, l'impact de la réintroduction de deux ourses sur les troupeaux d'ovins. "En vallées d'Aspe et Ossau où il s'agit d'élevage pour faire du fromage de brebis qui implique généralement la présence d’un berger permanent et le regroupement du troupeau chaque soir pour la traite, les troupeaux pourraient être moins sujets à la prédation que dans les secteurs des Pyrénées situées plus à l'est, où il s'agit d'élevage ovin extensif pour la viande avec des troupeaux en pacage libre et absence dans certains cas de berger permanent sur l’estive."
Quant au tourisme, le document publié par la préfecture indique que la réintroduction de deux ourses pourrait renforcer l'attractivité du secteur.
Coût des deux réintroductions : 110 600 euros
Parmi les autres éléments intéressants de ce rapport figure l'estimation du coût de la réintroduction de deux ourses, qui sera supporté par l'ONCFS. Il s'élève à 110 600 euros au total.
Vendredi 22 juin, le préfet de Nouvelle-Aquitaine faisait le point sur le dossier, et annonçait avoir remis son rapport à Nicolas Hulot.