[SÉRIE] Sur les traces de Napoléon III : Biarritz, pour l'amour d'Eugénie

L’empereur, entraîné au Pays Basque par son épouse, n’a cessé de transformer la région. Il en reste de beaux témoignages comme l'Hôtel du Palais, la Chapelle impériale ou le Rocher de la Vierge.
 

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Notre série, vous entraîne sur les lieux qui ont marqué l'architecture et l'histoire de la ville :


Depuis plus de cent cinquante ans, Le Rocher de la Vierge est devenu l’emblème de la station balnéaire.

Solide repère au milieu des flots, dominé par une statue protectrice de la Vierge Marie, le Rocher est une invention paysagère devenue, au fil du temps, le « monument » incontournable de Biarritz.

La première fois, marcher sur la passerelle est toujours un peu impressionnant. Entre les planches à claire-voie, le promeneur aperçoit l’écume jaillissant sous ses pieds et les vagues gigantesques rappellent, même par temps calme, la puissance de l’océan.

Ce jour-là, le ciel est d’un azur parfait mais on imagine aisément les tempêtes. Il suffit de regarder la pierre sculptée, torturée, portant l’empreinte de la force des vents et des marées.

Tout au bout, une esplanade permet d’admirer le paysage, comme si l’on se trouvait à la proue d’un bateau. A l’horizon, la Rhune se dessine dans le lointain, et en face, c’est déjà l’Espagne avec Fontarabie et un autre sommet, le Jaizquibel.

Ce belvédère n’a pas toujours existé. Il n’a d’ailleurs pas été créé avec cette intention contemplative. Au départ, l’inspiration était parfaitement utilitaire.
Napoléon III souhaitait créer un port de refuge pour les pêcheurs, lorsque le gros temps les empêchait d’atteindre leur destination.

Le projet s’appuya sur une ressource naturelle existante : le rocher du Cucurlong.

En 1863, une passerelle de bois fut construite pour relier l’îlot à la terre, puis une voute fut percée pour permettre l’accès à un promontoire édifié dans le prolongement, surplombant la mer. L’objectif était de transporter les matériaux nécessaires à la réalisation d’une digue devant atteindre 300 mètres.
En 1865, une statue de la Vierge, présentée lors de l’exposition franco-espagnole de Bayonne, fut offerte à la municipalité et installée au sommet du rocher. Le Rocher de la Vierge était né, régnant paisiblement sur la mer -souvent déchaînée- et dessinant son élégante silhouette dans les soleils couchants.
Les hivers successifs auront raison de la digue qui fut abandonnée en 1870, après la chute du Second Empire. En 1868, une tempête l’avait fracassée en son milieu. Certains y avaient vu un sinistre présage quant à l’avenir du règne de l’empereur.

Parallèlement, le Rocher avait commencé à vivre sa vie et à écrire une autre histoire. Les pêcheurs, ayant échappé au naufrage, venaient y remercier la Vierge et des processions de fidèles furent organisées.

Autrefois, c’était un lieu de piété. Certains se déplaçaient spécialement pour venir prier. Les plus courageux montaient au sommet pour toucher la statue. On allait au Rocher de la Vierge comme on allait à Lourdes. C’est vrai encore aujourd’hui, le Rocher reste un endroit lié à la foi chrétienne.

Julie Beaucousin, guide de Biarritz Tourisme

Napoléon III n’avait sans doute pas imaginé ce scénario qui a contribué à façonner le paysage biarrot.
On lui doit également le Port des Pêcheurs : un premier bassin fut établi en 1863 puis un second cinq ans plus tard. Des travaux considérables, là aussi interrompus lors de la chute de l’Empire.

Les mauvaises langues affirmaient que c’était plus pratique pour lui, qu’il souhaitait amarrer son yacht à Biarritz plutôt qu’à Bayonne ou à Saint-Jean-de-Luz. Le problème, c’est qu’un bateau de cette taille n’aurait jamais pu rentrer dans le Port des Pêcheurs…

Fin de la polémique ? Pas si sûr… Car il se murmure aussi que l’impératrice, raffolant des sorties en mer, aurait trouvé beaucoup d’avantages à cette solution… Et elle, n’empruntait que de petites embarcations !
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