Les deux militants d'ultradroite, Loïk Le Priol et Romain Bouvier, seront jugés pour assassinat. Ils sont accusés d'avoir tué par balles l'ancien international de rugby argentin Federico Martin Aramburu, après une altercation en mars 2022 à Paris. La mort de l'Argentin, biarrot d'adoption, avait suscité l'émoi de la communauté rugbystique, particulièrement en Aquitaine où il avait joué à Dax et Biarritz.
Les deux accusés, connus pour appartenir à la mouvance d'ultradroite et déjà condamnés pour des violences, seront jugés aux Assises pour "assassinat". Pour les juges, il s'agit d'un acte prémédité. On leur reproche d'avoir "volontairement donné la mort à Federico Martin Aramburu (...) en tirant contre lui plusieurs projectiles avec une arme à feu, dans des zones vitales et de dos (...) avec préméditation", a indiqué le parquet, confirmant des sources proches du dossier.
Ils comparaîtront également pour "violence aggravée, en réunion et avec arme", au préjudice de Shaun Hegarty, ancien joueur de rugby et président actuel du Biarritz Olympique, qui accompagnait, ce soir-là la victime.
Aucune circonstance raciste n'est retenue
En revanche, d'après les avocats de M. Le Priol, Mes Xavier Nogueras et Pierre-Henri Baert, les "juges n'ont retenu aucune circonstance raciste ou politique". Ils dénoncent par ailleurs, "les nombreuses violations du secret de l'instruction qui ont émaillé la procédure et qui ont nourri une présentation totalement fantasmée de cette affaire".
Les deux avocats ont annoncé faire appel de l'ordonnance, leur client estimant "s'être défendu d'une violente agression, laquelle n'est pas contestée en procédure". Les accusés disposent de dix jours pour faire appel de la mise en accusation.
Complicité d'assassinat
Deux autres personnes seront jugées à leurs côtés par la cour d'assises de Paris. Il s'agit de la compagne de Loïk Le Priol présente lors des faits, Lyson R., pour "complicité d'assassinat". Un autre homme de 35 ans sera jugé pour "soustraction de criminel". On lui reproche d'avoir aidé Romain Bouvier dans sa fuite après les faits, a précisé le parquet.
Les juges d'instruction ont suivi les réquisitions du parquet, qui estimait que "les deux scènes de tirs de Romain Bouvier et de Loïk Le Priol (s'inscrivaient) en réalité dans une seule scène unique de violences, qui est la mise en œuvre du projet prémédité".
Par ailleurs, ils ajoutent que "la notion de tension et l'atmosphère de "chasse à l'homme" n'étaient pas le produit d'un tapage médiatique, comme le présentent les mis en examen, mais ressortent du récit de plusieurs témoins (...) alors que les rugbymen paraissent être "passés à autre chose".
Une altercation qui tourne en fusillade
L'ancien international argentin, âgé de 42 ans, a été tué par balles devant son hôtel, samedi 19 mars vers 6h15 du matin, sur le boulevard Saint-Germain du 6e arrondissement de Paris. Il a été visé après une bagarre débutée au bar Mabillon, sur le même boulevard. Il devait se rendre le soir même au Stade de France pour le match France-Angleterre du Tournoi des Six nations.
Federico Martin Aramburu était alors accompagné d'un autre ex-rugbyman Shaun Hegarty. L'altercation dans ce bar les opposait à Loïk Le Priol et Romain Bouvier. Les deux rugbymen avaient quitté l'établissement à pied, mais ont été très vite rejoints par les deux militants d'ultradroite, qui ont tous deux ouvert le feu sur l'ex-rugbyman argentin, le blessant mortellement, avant de prendre la fuite.
Loïk Le Priol, ex-commando marine et membre du mouvement d'ultradroite Groupe union défense (GUD), dissous en juin, était arrêté quelques jours plus tard en Hongrie, alors qu'il s'apprêtait à se rendre en Ukraine. Romain Bouvier était appréhendé, lui, dans la Sarthe.
Au cours de la procédure, Loïk Le Priol a affirmé avoir agi en état de légitime défense. Romain Bouvier, premier tireur, a écarté toute intention de tuer et évoqué "des tirs dissuasifs vers le sol". Les deux suspects ont par ailleurs été condamnés en juin 2022 à deux et trois ans de prison pour avoir violenté un ancien ami et ex-dirigeant du GUD en 2015.
Biarrot d'adoption
La mort de Federico Martin Aramburu a suscité un fort émoi dans le monde du rugby, notamment en France et en Argentine. Mais également en Aquitaine puisque Aramburu a pu compter parmi les effectifs de Biarritz (2004-2006), Perpignan(2006-2008) ou Dax (2008-2010). Il affichait 22 sélections avec l'Argentine.
Depuis sa retraite sportive, l'ancien international avait su tisser des liens avec le Pays basque, il est resté vivre à Biarritz et travaillait pour une entreprise de tourisme.