Un documentaire sur un hacker franco israélien a créé le débat au Fipa, le Festival international de programmes audiovisuels de Biarritz. Plusieurs voix ont estimé que le film, qui évoque le parcours d'un militant visé par un mandat international, était trop complaisant.
Peut-on présenter Ulcan comme un courageux combattant ? Est-il possible de ne pas tenir compte des méthodes de ce hacker, ce pirate informatique, ni de ces cibles?
C'est le débat a animé le Fipa, le festival international de programmes audiovisuels de Biarritz. Son ouverture a eu lieu le 23 janvier avec la projection du film The patriot, un documentaire sur le hacker franco israélien.
Il a des dizaines de plaintes contre lui, dont une pour violences ayant entraîné la mort
"Il me semble que ce film est complaisant visa à vis d'un personnage, qui s'il remettait un pied en France serait aujourd'hui devant un cour d'assises, a déclaré le journaliste de Rue89 Pierre Haski. Il a des dizaines de plaintes contre lui, dont une pour violences ayant entraîné la mort, la mort du père d'un de mes confrères Benoît Le Corre".
Ulcan, de son vrai nom Gregory Chelli vit aujourd'hui en Israël, et est visé par un mandat d'arrêt international.
Cet ancien de la Ligue de défense juive, défini comme un "hacker sioniste militant" s'est fait une spécialité : traquer "les ennemis d'Israël". Les personnes auteurs de propos antisémites sont donc en premières lignes. Mais aussi, progressivement, toutes les personnes jugées trop favorables à la cause palestinienne sont ciblées : journalistes, association, ou encore l'Union juive pour la paix.
Adepte du "swatting"
Ainsi, plusieurs journalistes, tels que Pierre Haski, Daniel Schneidermann ou Denis Sieffert ont été victimes de ses attaques selon un procédé bien établit : le swatting. Ulcan appelle la police au milieu de la nuit, se fait passer pour sa "cible", leur signale qu'il est armé et a commis ou est sur le point de commettre un crime.Des forces de sécurité arrivent en nombre (Bac, Raid…) et investissent l'appartement en tentant de neutraliser un criminel qui parfois, n'est même pas sur les lieux.
Le père d'un journaliste est décédé après une manœuvre d'Ulcan
En 2015, c'est la famille de Benoît Le Corre, un journaliste de Rue 89 qui est visée. Ulcan fait venir une brigade d'élite chez les parents de ce dernier, après s'être fait passer pour le père de Benoît Le Corre et avoir "confessé" le meurtre de sa femme et de son fils.
Et ce quelques jours après avoir appelé le père de Benoît Le Corre et lui avoir annoncé la mort de son fils. Le père du journaliste, sous le choc, est victime d'un malaise cardiaque. Il décède quelques jours plus tard.
Ce sont ces aspects, et les condamnations dont il a écopées qui ne sont, selon Pierre Haski, pas assez évoquées dans le documentaire.
Mais pour Zafrir Kochanovsky le producteur de "The Patriot, il n'a jamais été question de présenter Ulcan comme un justicier. "Nous ne pensons pas en avoir fait un héros. D'ailleurs Ulcan a vu le film, son bon côté et le moins bon. Nous avons montré ce qui est arrivé au père du journaliste, nous n'avons rien caché".Nous ne pensons pas en avoir fait un héros