De Mundaka en Espagne à Guéthary dans les Pyrénées-Atlantiques, Txomin Dachary a parcouru 97 km dans l'océan à la force de ses bras. Le jeune nageur adepte des longues distances nous raconte ce défi de l'extrême.
Il y a eu la traversée de Saint-Sébastien à Capbreton : 65 km de nage en 20 heures et 30 minutes. Txomin Dachary avait seulement 20 ans. Quelques mois plus tard, le basque passe 38 heures dans l'eau pour faire les 120 km du tour du Lac Léman. Et puis en juin 2024, nouveau défi de l'extrême : couper le golfe de Gascogne en nageant.
"Ç'a été une très bonne expérience, positive. J'avais déjà fait une tentative l'année dernière qui n'avait pas porté ses fruits", raconte le jeune nageur aujourd'hui âgé de 24 ans. Il a plongé dans le petit port de Mundaka en Biscaye, direction Guéthary de l'autre côté de la frontière. Tout droit, ou presque. "Dans l'océan, il faut prendre en compte tous les facteurs météorologiques : les courants, la houle, le vent... Ils peuvent influencer la trajectoire. J'étais parti sur 90 km, mais j'en ai fait 97."
Gérer les limites du corps
Deux mois après cet exploit, Txomin Dachary raconte avec plaisir chaque séquence de ce challenge. Juste avant la tombée de la nuit, à 16 km de la côte, il s'est retrouvé au milieu d'une vingtaine de dauphins. "C'est quelque chose qui ne me serait pas arrivé si je n'avais pas fait cette traversée. Ce moment restera gravé, il m'a rassuré pour cette nuit-là, durant l'étape", commente le basque. Une parenthèse magique, avant des heures plus difficiles.
Au cours d'un si long effort, il a fallu affronter les limites du corps : la fatigue, les risques d'hypothermie ou de malaises. "Les 30 premiers kilomètres étaient très plaisants. La nuit a été la partie la plus compliquée, entre 2 et 5 h du matin. J'ai eu des gros moments de fatigue où je somnolais en nageant. Avant l'étape, il fallait gérer le sommeil avec toute cette peur et cette anxiété", se remémore le sportif, accompagné dans ce succès par une équipe. Un paddle ouvrait la voie et un kayak la refermait.
6 à 8 mois de préparation
Ensemble, ils ont travaillé pendant 6 à 8 mois sur cette traversée. Autant sur la préparation physique, que mentale et sur tous les aspects liés à la sécurité. C'est ce qui a permis à Txomin Dachary d'atteindre l'arrivée, à Guéthary, en 28 heures et 4 minutes, précisément. "Dans ces préparations, on ne laisse rien de côté. Dans les moments difficiles, on cherche nos motivations, on pense à ce travail d'équipe que l'on n'a pas envie de mettre en échec", poursuit le nageur, rejoint sur quelques kilomètres par un ami de Bayonne. Le vidéaste Romain Larrieu a immortalisé la traversée de Txomin Dachary, dans un film projeté prochainement au cinéma le Select à Saint-Jean-de-Luz.
Dans les moments compliqués, je pense aux personnes qui endurent de grosses souffrances sans avoir le choix. Tant que je n'ai pas un souci technique, je me force à continuer et à repousser le plus possible mes limites.
Txomin Dacharynageur
Objectif record du monde
Cet exploit hors normes a laissé des séquelles physiques au sportif. Des courbatures évidemment, mais aussi des irritations de la peau. "L'eau salée attaque les muqueuses. J'ai eu la langue à vif pendant quatre jours après la traversée. Après tous ces efforts, on a envie de manger correctement. La récupération a été une étape compliquée", décrit-il. Pas de quoi le dissuader de se mettre d'autres défis en tête. Le prochain : relier Monaco à la Corse. Et pourquoi pas, tenter de décrocher un record mondial de nage longue distance en eau libre.