La crise sanitaire du coronavirus a des conséquences concrètes pour les lycéens qui doivent passer le bac en juin. C'est à cette période, habituellement, que se déroulent les concours d'admission aux grandes écoles, ou de sélection aux classes préparatoires.
Au Pays basque, élèves, association de soutien aux futurs étudiants, ou encore école supérieure d'art, s'organisent, en dépit d'un manque d'information.
Camila est une brillante élève de terminale ES, originaire de Biarritz, scolarisée en section internationale "espagnol" à Toulouse. Elle rêve de devenir architecte. Mais depuis l'épidémie de Covid-19, elle ne sait plus très bien comment elle va franchir les étapes de cette fin de scolarité secondaire.
Autre source d'inquiétude, les concours d'admission en écoles d'architecture. "Normalement, après une sélection sur dossier sur la plateforme post-bac Parcours sup (ndlr:clôture le 2 avril), il y a des entretiens oraux, en mai" explique Camila.J'ai arrêté de prévoir les choses, je ne sais pas comment je vais passer le bac, j'ai des cours en visio conférence, mais comment les épreuves vont-elles s'organiser ? J'attends les explications en fin de semaine du ministre de l'éducation.
L'Association du Pays basque aux grandes écoles, met en relation des futurs étudiants, avec près de deux cents jeunes diplômés, ou en cours de cursus. Elle accompagne et soutient depuis 2013 les jeunes Basques qui tentent les concours d'entrée à Sciences Po, HEC etc. ou aspirent à intégrer des classes préparatoires.Dans le contexte tout semble annulé, mais ce n'est pas très clair. J'ai cherché des infos sur le site de l'école de Toulouse par exemple, mais je ne comprends pas très bien si cela sera reporté ou si il n'y aura qu'un choix sur dossier, avec les bulletins scolaires et une lettre de motivation d'à peine 1500 caractères. Je suis un peu inquiète, car, même si j'ai de bonnes notes, la section internationale, dans laquelle je suis, est exigeante et je n'ai pas 17 de moyenne. J'ai peur d'être pénalisée.
Cette année, avant la crise sanitaire, elle a pu effectuer neuf des onze interventions qui étaient planifiées dans les établissements secondaires. Elle a également assuré deux conférences sur l'orientation post-bac.
Depuis le début du confinement, l'association essaie de rassurer les lycéens stressés par le bouleversement des procédures d'admission. Son président et fondateur, Bixente Etcheçaharreta admet :
C''est une période d'incertitudes pour les élèves. Les conditions des concours sont bouleversées, et toutes les écoles n'ont pas encore forcément communiqué. Pour Sciences Po Paris, par exemple, il est indiqué que les nouvelles modalités seront bientôt disponibles sur le site. Les autres Sciences Po, qui ont un concours commun, comme Toulouse, Lyon, Aix-en-Provence, ont décidé de supprimer les épreuves écrites.
Julie, est élève en terminale ES, à Bayonne. Elle est parrainée par l'association. Ce matin, justement, elle a appris que les épreuves écrites de Sciences Po Bordeaux, et celles du concours commun étaient supprimées.
J'ai suivi une prépa toute l'année pour réussir ces deux concours. J'ai passé aussi beaucoup de temps à rédiger mes lettres de motivation, et au final, j'apprends maintenant qu'elles ne seront pas prises en compte ! Ce sera une sélection sur dossier. Du coup, je ne suis pas certaine d'avoir mes chances. Mon lycée note sévèrement. J'ai 12,5 de moyenne. J'ai peur que ça ne suffise pas, surtout si les jurys sont encore plus exigeants que les autres années.
L'association du Pays basque au grandes écoles, continue d'encourager les élèves et renforce son accompagnement à distance avec les lycéens qui le souhaitent précise Bixente Etcheçaharreta :
En nous contactant via notre site web ou notre Facebook nous allons les aider à rédiger leurs dossiers, leurs lettres de motivation, ou leurs voeux sur Parcours Sup. Les échanges restent possibles. Nous avons beaucoup de ressources pédagogiques.
Un mode de sélection inédit
L'Ecole supérieure d'art les Rocailles, à Biarritz, a également du s'adapter pour choisir ses futurs étudiants. Comme l'explique sa directrice, Delphine Etchepare :
L'école, publique, a donc modifié sa première session d'admission.En raison de la pandémie de coronavirus, le déroulement des épreuves sur site, en avril, n'était plus possible. De nouveaux décrets nous autorisent à être plus souples sur les conditions d'admission, mais nous, nous avons toujours privilégié le face-à-face physique. Nous ne souhaitions pas réaliser notre recrutement uniquement sur dossier.
Heureusement, nous avons eu la chance de clôturer les dossiers d'inscription, juste avant l'annonce du confinement. Il y en a environ une centaine pour 22 places. Maintenant, les candidats vont devoir se connecter sur notre site le 1er avril à midi, pour connaître les sujets des épreuves du concours d'entrée. D'abord les épreuves théoriques et plastiques anticipées, et la création d'un portfolio de cinq pièces, à remettre numériquement donc, jusqu'au 7 avril inclus. Puis un entretien oral individuel de vingt minutes, que nous réaliserons par Skype, du 20 au 24 avril. C'est vrai que c'est tout nouveau pour nous. On ne sait pas combien de candidats pourront répondre en ligne aux questions des trois membres du jury. Seront-ils inventifs ? Montreront-ils des maquettes ?.
L'école espère pouvoir organiser une seconde session d'admission, fin juin début juillet, sur site, mais bien entendu sous réserve de l'évolution de l'épidémie de coronavirus.