Ce mardi, le Président du parlement Catalan a déclaré l’indépendance de la Catalogne, tout en en suspendant les effets... Ce mercredi matin, le 1er Ministre, Mariano Rajoy lui a demandé de clarifier sa position... Qu'en pensent les Espagnols, et notamment au Pays Basque ?
Après les déclarations de Carles Puigdemont, la situation n'est pas vraiment plus claire en Espagne ce 11 octobre. Le leader des Catalans a une marge de manœuvre assez limitée.
Un conseil des ministres extraordinaire se tient ce 11 octobre à Madrid.
Mariano Rajoy, le premier ministre, exige des éclaircissements faute de quoi il menace d'utiliser l'article 155 qui placerait la région sous tutelle.
Le gouvernement espagnol pourrait substituer Carles Puigdemont par le préfet de la région.
Des commentaires au Pays basque ?
Qu'en pensent les Espagnols, et notamment au Pays Basque ?Quand Charles de Puigdemont décrète ce droit anticonstitutionnel mais "démocratique", les nationalistes basques se félicitent de cette maturité politique.
Les juristes insistent eux sur la solution d'une crise par les compromis et la négociation...
Regardez le reportage de Perrine Durandeau et Christian Etchegarray.
Ecoutez Jacobo Gonzalez Arnao Campos, Consul d'Espagne à Bordeaux.
Une suspension d'autonomie redoutée
La suspension de l'autonomie, sans précédent depuis 1934, serait considérée par beaucoup de Catalans comme un affront et pourrait déclencher des troubles dans cette région très attachée à sa langue et sa culture et dont l'autonomie a été rétablie après la mort du dictateur Francisco Franco (1939-1975).L'Union européenne, déjà secouée par le Brexit, suit la crise avec inquiétude.
La Commission européenne a répété avec force mercredi qu'elle attendait un "plein respect de l'ordre constitutionnel espagnol". Paris, Berlin et Rome ont dénoncé le caractère "illégal" et "inacceptable" d'une déclaration d'indépendance.
Les dirigeants indépendantistes de Catalogne se sont appuyés mardi sur la victoire du "oui" à l'indépendance au référendum d'autodétermination interdit et contesté du 1er octobre - avec 90% des voix et une participation de 43% - pour signer une déclaration d'indépendance de la République de Catalogne.
Mais M. Puigdemont avait préalablement annoncé qu'il suspendait les effets de la déclaration dans l'attente d'un dialogue avec Madrid "voir s'il y a un moyen de trouver un accord", a expliqué mercredi matin le porte-parole du gouvernement catalan Jordi Turull, évoquant à ce stade une signature "symbolique".
Le référendum, dont les résultats sont invérifiables faute de commission électorale indépendante, a ouvert la crise politique la plus grave en Espagne depuis son retour à la démocratie en 1977, divisant aussi profondément les habitants de la Catalogne, où vivent 16% des Espagnols.
Le ministre des Affaires étrangères Alfonso Dastis a accusé les séparatistes d'être "une force destructrice qui se propose de vaincre la démocratie, détruire l'Etat de droit et mettre en danger l'espace européen".
Un impact économique
En attendant, l'impact économique de la crise continue à se faire ressentir. Alors que six des sept entreprises catalanes cotées au principal indice à la Bourse de Madrid ont décidé de transférer leur siège social hors de la région, c'était au tour de l'assureur Axa Espagne de délocaliser une partie de ses activités mercredi.Madrid a pris en septembre une mesure exceptionnelle en mettant sous tutelle les finances de la région, dont la marge de manoeuvre est considérablement réduite.
Hormis la suspension d'autonomie, le gouvernement a plusieurs instruments à sa disposition, comme un état d'urgence allégé lui permettant d'agir par décrets.
Une arrestation de Carles Puigdemont et son entourage dans le cadre d'une enquête judiciaire déjà ouverte pour sédition n'est en outre pas exclue.
Toute mesure drastique risque cependant de provoquer des troubles en Catalogne, région de 7,5 millions d'habitants, pesant 19% du PIB du pays.
Les Catalans, divisés presque à parts égales sur l'indépendance, souhaitent en majorité un référendum en bonne et due forme.