Le béarnais Gaétan Paletou passe des jeux vidéo à la "vraie" piste des 24h du Mans

"Aujourd'hui on ne dit plus, tiens voilà le +gamer+": Gaétan Paletou, originaire de Barzun dans le Béarn, est passé en dix mois des consoles de jeux vidéo au volant d'un prototype aux 24 Heures du Mans. Il savoure sa légitimité après une progression météorique dans les courses automobiles.

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Il y a un an, Paletou, âgé de 22 ans, n'avait jamais piloté de voiture de course ailleurs que sur Gran Turismo, l'un des titres-phares de la PlayStation.
C'est en participant à la GT Academy, un concours de sélection lancé en partenariat avec le constructeur japonais Nissan, qu'il s'est fait remarquer, passant toutes les étapes jusqu'à la finale européenne à Silverstone (Grande-Bretagne), en août 2014, où il a pris le meilleur sur ses six concurrents parmi 240.000 joueurs au départ.

Demain, samedi à 15h00, il sera au départ de la plus grande course d'endurance du monde avec ses coéquipiers, le Suisse Gary Hirsch et le Britannique Jon Lancaster, sur la Gibson 0155 à moteur Nissan N.41 de l'écurie Greaves Motorsports en LMP2, la catégorie en dessous des prestigieuses LMP1.

 

 "Ca fait dix mois que j'ai commencé ma carrière, j'ai quatre courses internationales à mon actif pour l'instant et c'est ma première course en France. Ca va un peu vite, c'est vrai", reconnaît le jeune homme  à quelques heures du départ.


15 kilos perdus

Une trajectoire éprouvante, mais "ce n'est pas sur la piste que ça a été forcément le plus dur", raconte-t-il. La difficulté a surtout été de "comprendre ce qui se passe sur la voiture, les datas (données, NDLR) pour les réglages... C'est tout
un tas d'informations techniques à emmagasiner.
"

Son hygiène de vie a aussi été drastiquement revue. "J'ai perdu 15 kilos depuis ma victoire à la GT Academy, parce que je n'étais pas habitué à faire du sport. Il y a eu une évolution physique et mentale", ajoute-t-il.

Malgré la fulgurance de son ascension, personne ne conteste vraiment sa place au Mans, lui qui a déjà fini deuxième des 24 Heures de Dubaï en catégorie GT3 ProAm.
"Ils sont assez surpris de la façon dont ça se passe, c'est sûr, et ils me répètent souvent que je suis chanceux d'être à ce niveau-là aussi vite", rapporte-t-il au sujet de la réaction des autres pilotes à sa présence.


Premier crash


Mercredi, lors de la première séance d'essais qualificatifs, Paletou a connu un autre baptême du feu avec une sortie de route à plus de 300 km/h dans le secteur rapide de Mulsanne.
"C'est mon premier crash. Mais il en faut bien un. C'est mieux de le faire à l'entraînement qu'en course", commente-t-il philosophe.

"C'était une petite erreur au freinage, mais à 300 km/h ça ne pardonne pas. La voiture a tapé le mur de pneus à 223 km/h. J'ai appréhendé avant de taper le mur, forcément, parce que c'était la première fois que j'étais en pleine puissance dans ce genre de situation. J'ai un peu mal au dos, mais toutes les vertèbres sont en place. Plus de peur que de mal", explique-t-il.

Avec le troisième temps des essais, sa voiture a une vraie chance de bien figurer au Mans.


"On sait que la voiture est fiable, donc si on arrive à éviter tous les problèmes et le trafic, on devrait faire quelque chose de vraiment bien", espère-t-il.

En 2011, l'Espagnol Lucas Ordonez, issu de la même filière, avait fini 2e en LMP2 pour sa première participation dans la Sarthe. Il est cette année aligné dans la catégorie reine par Nissan.
Alors quoi qu'il arrive, rien ne viendra gâcher le plaisir de Paletou qui doit parfois se pincer pour y croire :

"Aujourd'hui, quand je rêve, je rêve d'une vie normale. En fait, j'ai préféré vivre le rêve et rêver la vie normale. Espérons que ça dure !"

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