La longue attente de la nageuse Fanny Deberghes durant le Coronavirus

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Comme des milliers de sportifs la nageuse béarnaise, aux 17 titres de championne de France, doit mettre ses entraînements et sa saison en stand-by sans la moindre visibilité.

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Elle était en stage de préparation au centre national d’entraînement en altitude de Font-Romeu pour préparer les championnats de France et la qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Après 10 jours intensifs, ce vendredi 13 mars 2020, le groupe de nageurs apprend que les compétitions de préparation et les championnats de France sont annulés. « Un gros coup dur pour tout le groupe"  explique Fanny Deberghes.  Les 8 nageurs et Franck Espisito, le coach, doivent partir.
Franck Esposito, surnommé " Titou ", un géant de la natation française. Quatre olympiades à lui tout seul. Souvenez-vous du bronze au 200 m papillon de Barcelone.

Le jour où…


Samedi 14 mars, c'est le départ. Direction : Antibes, la structure d'entraînement où ils espèrent tous replonger dans les bassins. Lundi 16 mars au matin se tient une réunion à la préfecture des Alpes-Maritimes. La décision tombe comme un couperet : fermeture totale des piscines et de tous les lieux sportifs. Dans la foulée et face aux rumeurs de confinement total, la nageuse béarnaise prend la route toute seule. Elle ne souhaite pas se retrouver coincée à Antibes. Il faut donc regagner au plus vite son Béarn natal pour rejoindre sa famille. A 22H, elle arrive à Mirepeix.

17 titres de championne de France

Fanny Deberghes, c'est 17 titres de championne de France (dont 10 en grand bain) en 50, 100 ou 200m brasse. Oui, oui 17 ! L’un des plus beaux palmarès de la brasse en France.
Née à Agen en février 1994, elle grandit aux pieds des Pyrénées à Mirepeix, dans le département des Pyrénées-Atlantiques. C’est ici, sur ce territoire paisible de la plaine de Nay, situé au sud-est de Pau, qu’elle a débuté à l'ASC Turbomeca avant de prendre sa licence aux Dauphins Section Paloise. Actuellement, elle porte les couleurs du club de Sarcelles
En 2016, elle est sélectionnée pour participer au relais 4x100m 4 nages dames des jeux de Rio. Malgré une disqualification en 1/2 finale pour mauvaise prise de relais, ces jeux restent un incroyable souvenir. Durant un mois, Fanny a "la tête dans les nuages". Ceux de la ville merveilleuse. A Cidade Maravilhosa ! Un souvenir qu’elle compte revivre cette année. « 2020, c’est une année hyper importante car on parle quand même des Jeux Olympiques. Une compétition magnifique. Prestigieuse ! »
 
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N’ayant pas de piscine, je ne peux ni nager dans ma baignoire, ni dans le gave de Pau même s’il se trouve juste à coté.

Fanny Deberghes


Seulement voilà, le coronavirus est venu tout bousculer. Mais pas question de se laisser abattre. « Je me force à me lever à la même heure. Pas de grasse matinée. Je m’oblige à m’habiller. La journée en pyjama, c’est contre productif. » Mais toujours pas un bassin à l’horizon. Toutes les piscines et les centres aquatiques sont fermés en France. « Je me retrouve, moi, sportive comme tous les sportifs de haut niveau en France, à ne pas pouvoir m’entraîner. Pour certains sports, c’est plus dramatique que pour d’autres. Moi, je suis dépendante d’une piscine. »
Alors pour limiter les dégâts, il faut faire avec les moyens du bord. Son préparateur physique lui a envoyé deux séances à faire par jour. « Celle du matin, c’est cardio, course a pied, vélo. Je profite d’être en famille pour embarquer mon père dans mes séances cardio. C’est sympa."
En début d’après-midi, Fanny travaille sur son mémoire qu’elle devra rendre l’année prochaine. Elle est en 3ème année d’école de kinésithérapie.
Mais pas le temps de souffler: à 17H, la Mirepeichoise enchaîne avec sa deuxième séance. « C’est une préparation physique générale. Du préventif pour éviter les douleurs d’épaules, du genou et de la hanche. Le but de ces entraînements n’est pas d’être plus performant mais surtout de ne pas perdre physiquement et musculairement. »
 

 

Mon rêve c’est Tokyo.

Fanny Deberghes


Objectif : JO Tokyo 2020


Actuellement, Fanny Deberghes, comme tous les autres sportifs, est dans l’attente. Dans l’attente d’une fumée blanche. Celle du CIO. Les jeux de Tokyo auront-ils lieu et surtout quand ? «On ne sait rien. On ne sait pas si les jeux se dérouleront bien à la date prévue. Car si c'est le cas, cela pose un problème d’équité entre les nations, entre les sports. On aura tous une préparation plus ou moins tronquée du fait de cette épidémie. Moi, j’arrivais à la fin de mon cycle de préparation pour les championnats de France qualificatifs pour les Jeux. Ils devaient avoir lieu mi-avril et risquent d’être reportés fin juin. » Un coup dur pour la nageuse qui devra repartir sur une nouvelle séquence de travail et tout reprendre à 0. Pour elle il n’y a qu’un objectif cette année : Tokyo2020
 

Il faut réquisitionner l’INSEP pour y mettre les sportifs français susceptibles d’être finalistes ou médaillés.

Philippe Lucas, Entraîneur de natation

Dans l’attente d’une décision du CIO, en France de nombreuses voix s’élèvent pour sauver la préparation des sportifs français. Philippe Lucas, le charismatique entraîneur de natation demande " la réquisition de l’INSEP pour y mettre les sportifs français susceptibles d’être finalistes ou médaillés. » Pour lui, " Américains, Australiens, les meilleurs Italiens poursuivent leurs entraînements. " Dans une interview accordée à notre collègue Alexandre Boyon, du service des sports de France Télévisions, Philippe Lucas dénonce un manque d’équité et parle même de « Jeux en bois. »

De son côté, la Béarnaise redoute l’annulation ou un report à 2021. « Ma plus grande crainte serait que les JO soient annulés, car c’est ma dernière saison. J’ai à coeur de finir mes études l’année prochaine et de terminer ma carrière sur cette année olympique. Finir sur une saison comme ça, je crois que c’était ce qu’il pouvait m’arriver de pire. C’est très frustrant et je ne l’avais pas du tout imaginé ainsi. Ma crainte, c’est qu’on ne sait pas où on va. »

La FFN plaide pour un report.


Sur les bassins français, les incendies sont nombreux. Car au-delà de l’épineuse question des entraînements, la Fédération française de natation vient de demander au Comité olympique international de reporter les Jeux de Tokyo pour préserver l’équité entre sportifs. Car pour l’heure, les dates du 24 juillet au 9 août demeurent, et « toute spéculation à ce stade serait contre-productive », estime le CIO. Dans un communiqué, publié ce samedi, la FFN monte au créneau. « Au regard de la crise sanitaire internationale, la position du CIO et des comités olympiques nationaux paraît intenable pour le Comité directeur de la Fédération française de natation. Le comité directeur de la Fédération française de natation réuni ce samedi 21 mars en visioconférence a entériné sa prise de position pour demander au CIO d’étudier en toute transparence la possibilité d’un report des JO. "  Car pour la FFN, « les diverses dispositions de confinement prises pour enrayer l'épidémie dans de nombreux pays ne permettent pas de garantir l'équité sportive dans la préparation de cette compétition. En France notamment, les athlètes sont défavorisés par un confinement généralisé qui ne leur permet plus du tout de s'entraîner, et la FFN se doit d'être à leurs côtés, soit par l'option du report, soit par l'obtention de conditions d'entraînement décentes qui doivent être alors obtenues par le CNOSF. »

Le communiqué FFN du 21 mars 2020 demandant le report des JO de Tokyo 2020

Cela nous rapproche de l’essentiel.

Fanny Deberghes

Tony Estanguet favorable au report.

C'est une voix qui compte dans le monde du sport. Dans une interview accordée à FranceInfo ce mardi 24 mars, Tonny Estanguet, Président du comité organisateur des JO de Paris 2024 estime aussi que " la position du report est plus que probable. On le sent bien que le CIO est en train de regarder les différents cas de figure ".

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Carpe Diem.

Une position qui devrait réconforter Fanny Deberghes. La nageuse béarnaise, qui souhaite que les JO se déroulent cette année, reste lucide. « J’espère que tout va se terminer rapidement. Le confinement n’est drôle pour personne. Dans une situation de K.O. comme cela, on peut trouver des signes positifs. Et j’en trouve. Dans une vie à 200 à l’heure comme je peux avoir et comme beaucoup d’entre nous avons, c’est vrai que se retrouver avec des journées où on a du temps, cela nous rapproche de l’essentiel. Ce n’est pas une mauvaise chose. Il faut espérer que nous sortions le plus rapidement possible de ce confinement. Prenons notre mal en patience et on verra bien. »

Carpe Diem.

Fanny Deberghes aux derniers championnats de France en petit bain à Angers 2019

• 1ère au 200 m Brasse 
-> en 02:22.94, record des Championnats
• 2 médailles d’argent 
-> 50 m Brasse en 00:30.96
-> 100 m Brasse en 01:06.72
Tous les résultats d'Angers 2019 ici

 
La séance de Fanny Deberghes - Samedi 21 mars
2 x 6 Exercices : 2 X 40' TOTAL : 24"
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