Un ancien professeur de 83 ans, jugé pour agressions sexuelles et viols sur quatre anciennes élèves, s'est borné lundi à reconnaître que les fillettes "venaient s'asseoir sur ses genoux", au premier jour de son procès devant les assises des Pyrénées-Atlantiques.
Pierre Morié, ancien professeur polyvalent à l'Institut Beaulieu de Salies-de-Béarn, destiné aux enfants présentant des difficultés d'adaptation, est accusé d'agressions sexuelles sur trois anciennes élèves et de viol sur une quatrième, entre 1985 et 1994.
Mains dans les poches de son blouson marron, l'octogénaire, au casier judiciaire vierge, a constamment nié les faits, admettant seulement que les élèves, nées entre 1978 et 1981, "montaient sur ses genoux" et qu'"elles venaient d'elles-mêmes".
Une plainte près de 30 ans après les faits
L'enquête a démarré après la plainte, en janvier 2009, d'une des quatre victimes présumées âgée aujourd'hui de 39 ans, qui affirme avoir subi des agressions sexuelles de la part de M. Morié alors qu'elle avait 7 ans.
C'est "après avoir consulté un site" où témoignaient des anciens élèves, qu'elle dit s'être rendue compte "que des jeunes femmes racontaient des histoires similaires à la sienne".
Douze victimes potentielles
Les enquêteurs ont alors recensé douze potentielles victimes : certaines ont démenti, pour d'autres les faits étaient prescrits, et quatre enfin se sont portées parties civiles.
Selon l'accusation, l'enseignant agissait sur le même mode opératoire, sans violence, mais par chantage sur les notes, sur des leçons de soutien ou récompenses. Certaines victimes auraient subi pendant quatre ans, une fois par semaine, des pénétrations sexuelles.
Si les fillettes se confiaient à leur mère, à la directrice de l'école, à d'autres éducatrices ou à la femme de ménage, elles n'étaient pas crues. Certains employés avaient aussi dénoncé les attitudes "ambiguës" de l'enseignant auprès de la direction qui n'avait pas donné suite à leurs alertes.
A l'audience, l'ancien professeur a nié toute pénétration sexuelle, invoquant une malformation physiologique, un argument balayé par un expert psychiatre.
M. Morié a effectué toute sa carrière professionnelle au sein de l'Institut Beaulieu, exerçant plusieurs fonctions. Il entretenait une liaison avec la sous-directrice de l'établissement, selon des témoins.
Jugé pour viol et agressions sexuelles sur mineures, avec la circonstance aggravante que les actes ont été commis par une personne ayant autorité, il risque 20 ans de réclusion criminelle.
Le verdict est attendu vendredi.