Un nouveau rapport, d'expertise confirme la responsabilité de Curtis, le chien du compagnon d'Elisa Pilarski dans son décès. La jeune femme avait succombé à de nombreuses morsures en novembre 2019.
Le drame remonte au 16 novembre 2019. Elisa Pilarksi une Béarnaise de 29 ans, se promène en forêt dans l'Aisne avec Curtis, l'american pit-bull terrier de son compagnon. Elle est alors victime de multiples morsures. La jeune femme, enceinte de six mois, ne survivra pas.
Dans un premier temps, l'attaque sera attribuée à des chiens de vènerie, participant à une chasse à courre à proximité. Mais en novembre 2020, un rapport d'expertise est rendu public. Il privilégie la responsabilité du chien de Christophe Ellul, le compagnon d'Elisa Pilarski. En mars 2021, Christophe Ellul, qui avait dressé son chien "au mordant", est mis en examen pour homicide involontaire et placé sous contrôle judiciaire.
Le chien Curtis principal suspect
Une nouvelle expertise, menée par un vétérinaire palois confirme la responsabilité de Curtis, estimant que les blessures constatées sur la jeune femme sont compatibles avec les crocs du pitbull. Rencontré par les équipes de France 3 Aquitaine, Me Alexandre Novion, le conseil de Christophe Ellul, qui a toujours défendu la thèse de morsures émanant de plusieurs chiens, se dit "pas surpris" de ce résultat. Il pointe du doigt la méthode de travail des vétérinaires.
"Le problème reste entier : vous avez des légistes qui, au départ dans cette affaire, avaient donné un point de vue scientifique. Et ils avaient dit : au regard de la répartition et de l'implication des plaies, l'hypothèse la plus probable était l'attaque de plusieurs chiens", rappelle l'avocat. Il estime que la méthode de mesures, de comparaison et les conclusions tirées manquent de cohérence
Il y avait au départ quelque chose qui était très scientifique et rigoureux. Et à partir de ce rapport, nous avons une dérive.
Me Alexandre Novion, avocat de Christophe Ellulà France 3 Aquitaine
Me Novion envisage désormais de redemander l'opinion des légistes, qui étaient intervenus en premier lieu sur le dossier. "Il y a beaucoup de zones d'ombre encore dans cette affaire. Je n'accuse pas, mais je dis qu'à l'heure actuelle, on ne m'a pas convaincu de manière scientifique du rôle d'un seul chien dans cet effroyable carnage", poursuit-il.
Un livre-enquête revient sur le drame
L'affaire avait fortement ému l'opinion publique, et très rapidement, des voix se sont élevées pour défendre le chien Curtis. Les réseaux sociaux se passionnent pour le faits-divers, se livrant à une véritable "guerre idéologique", selon les termes des journalistes Olivier Darrioumerle et Matthias Tesson. Tous deux sont les auteurs de "Un chien l'affaire Curstis-Pilarski", sorti le 10 novembre.
"Cette jeune femme qui a été dévorée dans la forêt, a perdu son statut de victime, assez lentement, au profit d'un chien Curtis, devenu la coqueluche des réseaux sociaux", note Olivier Darrioumerle.
De son côté Me Novion qui est toujours en lien avec son client, décrit un homme "très mal". "A chaque approche de l'anniversaire, la tristesse s'empare de lui. Ces dernières années, on a oublié que Christophe Ellul est une victime. Il a tout perdu dans cette histoire : une compagne dont il était fou amoureux et un enfant qui allait venir au monde", insiste-t-il. Christophe Ellul encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.