« On veut éviter d’ajouter de la douleur à la douleur » Après la mort de leur enfant, ils aident financièrement d’autres familles confrontées à des obsèques

Éric et Véronique Beck ont perdu leur fils Lilian dans un accident de randonnée en Vallée d’Aspe. Pour aider les familles endeuillées à financer les frais d’obsèques, ils ont créé l’association Dernière Demeure.

Le 20 juillet 2024, la vie d’Éric et Véronique Beck bascule. “Nous avons pris perpétuité. Nous sommes tombés en enfer.” Lilian, leur fils, décède dans un accident de randonnée, en Vallée d’Aspe, dans le Béarn, à seulement 22 ans.

Regarder les tarifs

Au-delà de la douleur omniprésente, ces parents se rendent aussi compte de la froideur des chiffres. “À peine quelques jours après avoir appris la mort de votre enfant, vous vous retrouvez au funérarium à regarder les tarifs et vous devez sortir la calculatrice pour ajouter tout ça, pour offrir quelque chose de digne”, illustre le père de Lilian.

Même la face à la mort, on n'est pas tous égaux.

Éric Beck,

Père de Lilian Beck, décédé le 20 juillet 2024

Après un passage en hôpital psychiatrique, pour panser ses blessures, Eric décide de “faire vivre” son fils au travers d’une association, Dernière Demeure. “Lilian était généreux, altruiste, il était fêtard, sportif, entier. Il faisait toujours tout à fond. Je voulais continuer à honorer sa mémoire”, explique Éric Beck. 

Loin de prétendre apporter une aide psychologique, déjà endossée par plusieurs organismes dans le secteur, ces parents souhaitent aider financièrement les familles qui ont perdu un enfant ou un conjoint de moins de 30 ans. “Chaque famille a le droit de se concentrer sur l’essentiel lorsqu’elle doit enterrer leur enfant dignement, martèle Éric Beck. Quand ça vous tombe dessus, vous êtes perdus, vous descendez en enfer et après tout va très vite et vous fonctionnez comme un robot.” 

Cagnotte et ligne de vêtements

Un soutien pour ces familles, mais aussi un exutoire pour ces parents qui avaient besoin de trouver un sens à l’après. “C’est une thérapie. J’avais perdu le sommeil, je ne comprenais plus rien. Ça hante vos pensées, se souvient Éric Beck. C’est un médecin qui m’a posé la question de l’après. Ça a été le déclic, je me suis dit que mon fils ne mourra pas par un coup de téléphone, il vivra et même après nous.”

On veut éviter d’ajouter de la douleur à la douleur.

Éric Beck,

Père de Lilian, décédé le 20 juillet 2024

► Reportage d'E. Poussard et O. Lopez

Pour récolter des fonds, les parents comptent sur les dons versés au travers d’une cagnotte sur Hello Asso. Elle cumule ce 2 décembre, 3 933 euros et 207 adhérents. En parallèle, les parents ont lancé une ligne de vêtements, nommée LX632, inspirée des deux passions de leur fils, la boxe et la moto. “On essaie de toucher aussi la grande distribution pour qu’ils nous accordent des boutiques éphémères avec QR code pour toucher d’autres personnes”, avance Éric Beck. Aujourd’hui, les vêtements sont déjà proposés dans un magasin de Morlaàs.