L'association Générations Futures a lancé une campagne d'analyse des pesticides participative sur tout le territoire national. En Gironde, certains volontaires ont fait le test, notamment près des vignes.
Sommes-nous plus exposés aux pesticides que ce que nous croyons ? C'est ce que l'association Générations Futures cherche à savoir avec sa nouvelle campagne nationale : EXPORIP. Pour mesurer la dispersion des pesticides lors des épandages agricoles, elle fait donc appel à des volontaires pour qu'ils fassent des prélèvements.
Tests près des vignobles
Et en Gironde, certains n'ont pas hésité à particper. Michel Richard, récemment installé à Pujols, a voulu savoir si les épandages réalisés dans les vignes voisines pouvaient laisser des résidus sur sa maison malgré la distance : "On est à peu près entre 20 et 30 mètres, séparé par une haie et une petite route. C'est quand même assez loin." tempère le riverain.
Mais surprise ! Les résultats ont révélé la présence d'un pesticide et d'un fongicide chez lui :
La pulvérisation va amener un certain nombre de particules à voyager. Et on a quand même une distance beaucoup plus importante que ce que nous recommande la législation...
Des pesticides dans 80% des prélèvements
En effet, la réglementation française impose des distances minimum de sécurité pour l'épandage de produits phytosanitaires à proximité des lieux de résidence et de travail :
- 20 mètres pour les produits contenant une substance préoccupante
10 mètres pour l’arboriculture, la viticulture, les arbres et arbustes, la forêt, les petits fruits et cultures ornementales de plus de 50 centimètres de hauteur, les bananiers et le houblon
5 mètres pour les autres cultures.
Ces distances sont censées protéger les riverains des substances dangereuses. Mais sur les 58 prélèvements réalisés par Générations Futures, 80% des échantillons présentent une trace de pesticide. Sur les maisons situées à moins de 21 mètres, ce nombre grimpe à 95% selon l'association qui préconise une distance minimale de 100 mètres :
Quand on s'éloigne au delà de 100 mètres des parcelles traitées, le nombre de molécules détectées décroit de façon importante.
Ces résultats peuvent donc porter à réflexion, même si cette étude doit être réalisée à plus grande échelle.
Pics lors des grandes périodes de traitement:
En 2019, grâce à son dispositif de surveillance des pesticides, Atmo Nouvelle-Aquitaine détectait la présence systématique de sept substances actives sur les neuf sites de prélèvement d'air. Parmi ces molécules, deux fongicides (notamment le folpel, utilisé pour la vigne) et deux herbicides prédominent.
L'observatoire a aussi noté des pics de concentrations lors des grandes périodes de traitement comme dans le Cognacais :
Face à ces études et des voix toujours plus nombreuses qui s'élèvent contre les mesures gouvernementales jugées inadaptées, le Conseil d'État a ordonné à l'exécutif de revoir ses mesures de protection d'ici la fin de l'année 2021.
Des résultats plus complets en 2024 ?
Enfin, depuis le mois d'octobre et jusqu'en août 2022, Santé Publique France et l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) réalisent l'étude PestiRiv dans six régions viticoles et sur 3350 personnes. L'objectif : mieux connaître l'exposition aux pesticides des riverains vivant près des vignes.
L'étude est répartie sur deux périodes : d'octobre 2021 à février 2022, durant laquelle les traitements sont peu fréquents et de mars à août 2022, lorsque leur fréquence augmente.
Les prélèvements sont réalisés dans l'air ambiant, l'air intérieur des maisons, ainsi que les poussières, les urines, les cheveux et les aliments autoproduits des personnes testées. Mais il faudra attendre jusqu'en 2024 pour obtenir le rapport complet de l'enquête et peut-être avoir des réponses plus précises à cette question des pesticides qui fait toujours polémique.