Le député béarnais aux quatre mandats ne se représente pas aux prochaines élections de juin. Une décision qui intervient après la décision du conseil constitutionnel d'annuler le vote de sa commune alors qu'il a ostensiblement montré qu'il s'abstenait lors du second tour.
Le Béarnais de 67 ans jette l'éponge, pour cette fois en tous cas. Le toujours député Jean Lassalle, anciennement candidat à la présidentielle, a annoncé ce lundi matin 2 mai qu'il ne se représente pas devant les électeurs de la quatrième circonscription des Pyrénées-Atlantiques. Le député Libertés et Territoires, élu à l'Assemblée nationale depuis 20 ans, était visiblement ému.
C'est avec beaucoup d'émotion que je prends cette décision. La circonscription me manquera beaucoup.
Jean Lassalle - député de la 4e circonscription des Pyrénées-AtlantiquesSource : France 3 Aquitaine
L'élu, qui aura 67 ans mardi, a justifié sa décision par la "situation nationale", fustigeant une élection présidentielle "jouée d'avance". "J'ai le sentiment que le pays se disloque sous nos yeux. Les territoires ruraux n'intéressent plus personne, à l'image de ma vallée d'Aspe", a-t-il regretté, prenant exemple sur la RN134, entre Pau et l'Espagne, "carrément délaissée par l'Etat".
L'ancien berger béarnais, connu pour ses interventions singulières dans l'hémicycle, a assuré qu'il "n'en avait pas fini avec la politique". "Mais je suis persuadé que je dois mener ma lutte différemment", a-t-il souligné.
Il s'est exprimé lors d'une conférence de presse. Il a précisé qu'il continue son combat pour contester sa mise en cause par le conseil constitutionnel.
Lors du second tour, le député béarnais a ostensiblement mis en scène son abstention, à l'intérieur du bureau de vote de Lourdios-Ichère. Le conseil constitutionnel a donc invalidé l'élection de la commune sans tarder. "Moi et ma commune avons été déshonorés. Je me battrai corps et âme pour défendre mon honneur", a assuré le député en évoquant ces poursuites pour des "infractions au code électoral concernant les atteintes à la sincérité des scrutins".
Dans une lettre à Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, publiée jeudi sur les réseaux sociaux, Jean Lassalle s'est dit même prêt à "répondre de (son) acte et à en payer les éventuelles conséquences prévues par la loi : peine de prison, retrait de mes droits civiques, amendes...", pour peu que le Conseil lève ses sanctions contre le village béarnais dont il a été maire pendant quatre décennies.
Il a par ailleurs également évoqué ses "impératifs médicaux", expliquant qu'il allait "subir une opération chirurgicale délicate à cœur ouvert dans les prochains jours", sans préciser si cette raison de santé était le motif de sa décision.
Passage de relai
Jean Lassalle pouvait prétendre aisément à un nouveau mandat après quatre élections législatives gagnées derrière lui. Surtout son score lors de la présidentielle d'avril a été très remarqué et flatteur : 3,13 %, le plaçant devant le candidat communiste ou la candidate socialiste.
Alors qui pour reprendre le flambeau ? Le député Jean Lassalle a évoqué un souhait. Que son frère Julien Lassalle, ancien berger retraité, soit candidat, c'est ce qu'il lui a proposé. Sous réserve de confirmation et d'accord de ce dernier. Il "va prendre sa décision dans les prochains jours" a poursuivi l'élu.
Dans un Tweet dimanche 1er mai, il s'adresse aux jeunes " l'avenir de notre pays". L'ancien élu UDF, qui avait rejoint le Modem de son ancien ami François Bayrou, avant de rompre avec lui et de fonder son mouvement Résistons !, a indiqué "avoir une quinzaine de jeunes autour de lui" auxquels il veut "apprendre ce que c'est de défendre les autres et de les aimer". "J'ai l'espoir de les présenter aux prochaines législatives", a-t-il poursuivi.