Un juge d'instruction du tribunal judiciaire de Paris a été saisi d'une enquête concernant les potentiels rejets toxiques de l'usine Sanofi de Mourenx.
L'air de Mourenx, à proximité de l'usine Sanofi, pourrait contenir une quantité de valproate de sodium dangereusement supérieure à la norme autorisée. C'est en tout cas l'éventualité étudiée par le pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris, qui a chargé un juge d'instruction d'enquêter sur cette affaire, a appris l'Agence France Presse.
Une information judiciaire a été ouverte au mois d'août dernier pour "mise en danger d'autrui et délit d'obstacle à agent habilité", poursuit l'AFP. "Nous n’avons connaissance d’aucune information judiciaire ouverte sur ce sujet" affirme de son côté Sanofi.
Cela fait suite aux révélations de l'association France Nature Environnement en juillet 2018, selon laquelle l'usine située dans le bassin industriel de Lacq dégagerait des rejets toxiques de valproate de sodium largement supérieurs aux normes autorisées. Le site, où une cinquantaine de salariés travaillent, avait été fermé plusieurs jours. Il avait ensuite repris progressivement sa production sous étroite surveillance, avant d'être à nouveau fermé temporairement en septembre 2018 pour les mêmes raisons.
Le début d'un feuilleton judiciaire ?
Suite à ces révélations, la Fédération nationale des industries chimiques CGT, le Syndicat CGT des industries chimiques Sisteron et Mourenx et l’Union locale CGT de Mourenx, Bassin de Lacq-Orthez et environs, avait déposé plainte en juin 2020. En se constituant partie civile, ils espéraient qu'un juge d'instruction du pôle santé publique du tribunal de Paris soit saisi de l'affaire. Une demande rejetée dans un premier temps.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a cependant retoqué cette décision en mai 2022, et renvoyé l'affaire devant un juge d'instruction. Le parquet a ensuite autorisé le début des investigations en août dernier.
De quoi satisfaire l'avocat de la CGT, Me François Lafforgue : "Nous sommes satisfaits et espérons que cette instruction permettra aux salariés et riverains d’obtenir des réponses à leurs légitimes interrogations, a-t-il déclaré à l'AFP. Nous demandons que les investigations soient menées dans les meilleurs délais pour rattraper trois ans dans l’instruction de ce dossier."
Une mise aux normes en cours selon Sanofi
La substance incriminée, le valproate de sodium, entre dans la composition de la Dépakine, un médicament antiépileptique soupçonné d'avoir provoqué des malformations foetales et d'être à l'origine de troubles cognitifs chez les enfants.
Répondant à l'AFP, Sanofi a souligné que son procédé de fabrication générait "certaines émissions atmosphériques pour lesquelles aucun seuil n’était fixé jusqu’en 2018". "C’est uniquement à partir de 2018 qu’un arrêté préfectoral a établi des seuils d’émissions de valproate de sodium", justifie le groupe pharmaceutique, avant d'ajouter qu'il avait "entrepris un large programme d’investissements sur son installation de Mourenx, qui répond à toutes les prescriptions préfectorales en matière d’émissions."