A l'heure où les conseils municipaux élus le 15 mars débutent leur installation, dans 29 communes béarnaises la campagne redémarre dans un entre-deux-tours qui n'aura jamais été aussi long.
L'arrivée de l'épidémie de Covid-19 en France en pleine campagne des municipales aura donc eu pour conséquence cet entre-deux-tours de presque trois mois et demi. Depuis le 23 mai, les maires des municipalités où il n'y aura pas de deuxième tour commencent à être élus. Dans les autres communes, la campagne repart...une campagne inédite due aux restrictions sanitaires limitant les rassemblements.
Encore 29 maires à élire
En Béarn, les électeurs voteront dans 29 communes le 28 juin pour le deuxième tour des élections municipales. Parmi lesquelles 4 villes de plus de 3500 habitants : Pau, Lescar, Oloron-Sainte-Marie et Salies-de-Béarn. Et 25 autres communes : Accous, Arthez-de-Béarn, Asaps-Arros, Aubin, Bielle, Bilhères, Bougarber, Cabidos, Castéra-Loubix, Castetner, Castillon, Eaux-Bonnes, Escot, Escout, Etsaut, Gère-Belesten, Higuères-Souye, Labatut, Pardies-Piétat, Ponson-Debat-Pouts, Ramous, Saint-Médard, Sarrance et Urost.
Des candidats dans les six communes sans liste au 1er tour
Elus préférés des Français, très sollicités tout au long de la crise sanitaire que nous traversons et premiers référents sur leur territoire, les maires sont respectés mais leur fonction "s'apparente de plus en plus à un véritable sacerdoce et demande une très grande disponibilité" affirme Pascal Cabanne, tête de liste à Pardies-Piétat. Dans cette commune comme à Arrien, Etsaut, Escout, Higuères-Souye et Urost, les bureaux de vote sont restés fermés le 15 mars dernier faute de candidat, une première en terre béarnaise.
Avec mes colistiers, nous sommes candidats car notre commune a besoin de dynamisme, il y a de nombreux projets en cours à suivre au quotidien. On ne peut pas se permettre d'être à la merci d'une tutelle provisoire en attendant un éventuel regroupement de communes.
Pascal Cabanne - tête de liste à Pardies-Piétat
L'esprit de clocher
Pascal Cabanne souhaitait déposer une liste pour le premier tour, mais il ne trouvait pas un nombre suffisant de colistiers. "On ne gère pas une commune de 450 habitants à 4 ou 5, il y a de nombreux dossiers à traiter, j'ai pu les suivre au cours des dernières années, explique cet adjoint sortant qui termine son troisième mandat, j'ai donc repris mon bâton de pélerin et j'ai réussi à compléter ma liste. Je l'ai déposée le mardi 17 mars, juste avant le confinement." Même cas de figure à Higuères-Souye, où après trois mandats de conseiller municipal, Christophe Marquis s'est décidé à conduire une liste et a trouvé les indispensables colistiers : "je ne me voyais pas maire, c'est beaucoup d'engagement d'un point de vue familial, personnel et professionnel mais on ne pouvait pas laisser la commune partir on ne sait où. Dans nos petits villages, c'est comme au rugby, on a l'esprit de clocher". En Béarn, toutes les communes devraient donc avoir un candidat au deuxième tour.
A Pau, la gauche unie face à François Bayrou ?
Dans les villes de plus de 3 500 habitants où plus de deux listes sont en position de se maintenir, les contacts se déconfinent et les tractations d'un entre-deux-tours classiques ont démarré. A Pau tout d'abord, où le maire sortant François Bayrou (Liste Nous aimons Pau - DVC), arrivé en tête avec près de 46 % des suffrages pourrait avoir face à lui une candidature unique, fruit du rassemblement des trois listes de gauche menées par le socialiste Jérôme Marbot (Liste Pau rassemblé - DVG), Jean-François Blanco (Liste Pau Arc-en-ciel - EELV) et Patrice Bartolomeo (Liste Pau citoyenne, sociale et écologique - LFI)
Pour l'heure, une nouvelle triangulaire se dessine à Lescar
A Lescar, la fusion entre les listes menées par Frédéric Lavigne (Liste Lescar avec passion - DVD) et Jérôme Mange (Liste Lescar en plein coeur - DV), arrivées au coude à coude respectivement en deuxième (27,53%) et troisième positions (26,05%), a du plomb dans l'aile. "Nous avons été contacté par M. Lavigne et nous nous sommes rencontrés pour déterminer si nos valeurs et nos projets pouvaient converger", nous a confié Jérome Mange. Les candidats se sont rencontrés mercredi soir mais, pour l'heure, aucun accord n'a abouti. Dans un communiqué, Frédéric Lavigne reproche à Jérôme Mange de "proposer délibéremment l'inacceptable. M. Mange ne veut visiblement pas de rassemblement vu le nombre de têtes à couper dans la liste Lescar avec passion". Le face-à-face avec la socialiste Valérie Revel (Liste Lescar pour vous! Continuons ensemble - DVG) arrivée largement en tête au premier tour (46,42%) ne devrait donc pas avoir lieu. Si rien ne bouge, les Lescariens s'acheminent vers une nouvelle triangulaire avec les mêmes listes qu'au premier tour.
A Oloron-Sainte-Marie, l'appel du maire sortant à son premier adjoint et concurrent
Refuser (mon appel) confirmerait ce que certains murmurent tout bas, à savoir que vous auriez négocié un accord avec Bernard Uthurry : en vous maintenant vous faites battre Lucbereilh et élire l’ancien maire, et en échange Monsieur Uthurry vous soutiendrait à la Communauté de Communes. Outre la naïveté de croire à cette dernière promesse, je ne puis imaginer que votre probité vous conduise à un calcul si bassement politicien.
Hervé Lucbéreilh s'adressant à son premier adjoint Daniel Lacarampe, candidat lui aussi
Au deuxième tour, quatre listes peuvent se maintenir à Oloron-Sainte-Marie. Celle de l'ancien maire socialiste Bernard Uthurry arrivé en tête avec 37,98 % des suffrages et la liste citoyenne conduite par Nathalie Pastor, 4ème avec 13,74 % des voix. Le maire sortant Hervé Lucbéreilh est arrivé en 2ème position (29,22 %) et son premier adjoint Daniel Lacrampe 3ème (19,06%). Une quadragulaire compliquerait les chances du maire sortant de renouveler son mandat. Hervé Lucbéreuilh vient donc de rendre publique sur sa page Facebook une lettre ouverte dans laquelle il demande à Daniel Lacrampe de se désister en sa faveur.
Je vous demande clairement de retirer votre candidature du deuxième tour afin de laisser à notre camp toutes ses chances, et d'être logique avec votre soutien toujours affirmé de la politique municipale menée depuis six ans - Hervé Lucbéreilh à Daniel Lacrampe
Dans son courrier M. Lucbéreilh interpelle M. Lacrampe : "Que priviligiez-vous en l'occurrence : un absurde entêtement suicidaire, un mépris de notre électorat commun ou le respect de la démocratie et du suffrage universel ?" Hervé Lucbéreilh invoque un accord tacite entre MM. Uthurry et Lacrampe, le premier accédant au fauteuil de maire, le second bénéficiant de son appui pour conserver la présidence de la communauté de communes du Haut-Béarn. Une rumeur démentie par Bernard Uthurry chez nos confrères de la République des Pyrénées. Pour l'heure, Daniel Lacrampe n'a fait part d'aucune réaction publique à ce courrier. Les candidats ont jusqu'au mardi 2 juin à 18h pour déposer ou retirer leur liste.