Vingt-sept chefs de service présentent ce mardi leur lettre de démission. Un acte symbolique – les soins sont toujours assurés – afin d'alerter sur la dégradation de la qualité des soins et du travail des soignants.
Une lettre, et un acte symbolique. A l'hôpital de Pau, vingt-sept chefs de service ont présenté ce mardi leur démission administrative. Les médecins démissionnaires continueront d'assurer les soins, mais n'assureront plus certains travaux administratifs ou réunions.
La décision, qui concerne près de la moitié des chefs de service de l'hôpital suit un mouvement national.. Des situations identiques sont constatées à Montauban, Paris ou encore Dax.
"Nous voulons sonner l'alerte"
"Cet acte n'est pas contre la direction de l'hôpital de Pau, qui est loin d'être le pire, précise Guillaume Colin, chef du service pneumologie. Mais nous voulons sonner l'alerte.Nous sommes nombreux à avoir un sens du service public, et on voit l'hôpital se morceler, avec des conditions de travail de plus en plus difficiles pour les soignants ".
Le médecin s'inquiète notamment du ratio soignants-soignés. "Dans le service de gériatrie par exemple, les infirmières n'étaient pas assez nombreuses. Leurs conditions de travail se dégradent donc elles ne restent pas.
On a dû procéder à des fermetures de lit, et des patients qui auraient dû aller en gériatrie sont restés aux urgences par manque de place.
Une lettre adressée à l'ARS
Dans une lettre adressée aux directions du centre hospitalier, de la commission médicale de l'établissement et à l'ARS, les médecins expliquent leurs motivations, déplorant que la ministre de la Santé Agnès Buzyn n'ait "visiblement pas compris l'urgence de la situation, à savoir l'effondrement imminent du système hospitalier public".
"On ne veut pas une santé à moindre coût, mais au juste coût, abonde Guillaume Colin. L'hôpital entreprise, où tout projet de recrutement, de nouvelle activité est basé sur la rentabilité ou l'autofinancement, ça a ses limites.
Il y a des soins et des services rendus à la population qui ne sont pas rentables pour l'hôpital, mais qui doivent être faits. C'est ça le service public.