Les deux principaux accusés ont exprimé des excuses au premier jour de leur procès. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Wissem Manai et Maxime Guyennon sont jugés aux Assises des Pyrénées-Atlantiques pour l'agression mortelle du chauffeur de bus Philippe Monguillot.
Dans une salle d'audience pleine d'émotion, en présence de la veuve de Philippe Monguillot, les deux principaux accusés se sont livrés à quelques mots d'excuses et de regrets, au premier jour de leur procès devant la cour d'Assises des Pyrénées-Atlantiques à Pau, ce vendredi 15 septembre. Une première journée éprouvante pour Véronique Monguillot qui a dû quitter à plusieurs reprises la salle d'audience.
"Cette histoire me hante (...), je ne suis pas un monstre, je n'ai pas voulu faire ça à Monsieur Monguillot", confie Wissem Manai, jeune homme de 25 ans, accusé d'avoir porté l'ultime coup de poing fatal, le 5 juillet 2020 à Bayonne, lors du tabassage du chauffeur de bus de 59 ans. Philippe Monguillot, laissé pour mort sur le bitume par les deux passagers qui refusaient de porter leur masque sanitaire, décèdera cinq jours plus tard à l'hôpital.
Son comparse Maxime Guyennon, 25 ans lui aussi, interrogé par la partie civile en cette première journée d'audience consacrée à la personnalité des accusés, lâche : "je veux payer ma dette à la famille de la victime."
Leur personnalité passée au crible au premier jour d'audience
Ils comparaissent pour violence commise en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec deux facteurs aggravants : ils sont en état de récidive pour des faits de violences. Et ils ont agressé un agent chargé d'une mission de service public. Ils encourent par conséquent la réclusion criminelle à perpétuité (jusqu'à 30 ans de prison).
Les deux principaux accusés, âgés de 25 ans, sont originaires de la région de Nîmes.
Tous deux tombent rapidement dans le trafic de stupéfiants et font de la prison. Maxime Guyennon avait été remis en liberté conditionnelle trois mois avant l'agression mortelle de Philippe Monguillot, suite à une condamnation à cinq ans de prison pour des faits de vol avec violence.
Un troisième homme, âgé de 43 ans, est également jugé par la Cour d'Assises des Pyrénées-Atlantiques. Il comparaît pour avoir fourni un logement aux deux principaux accusés, le soir des faits, leur permettant ainsi d'échapper aux recherches des policiers.
Deux hypothèses défendues
Maître Alexandre Novion, qui représente Véronique Monguillot, devrait défendre la thèse de la double altercation : le chauffeur de bus aurait déjà eu une première altercation avec les accusés à 14 heures, avant de revenir à 19 heures.
Maître Novion relève que le procès était très attendu par la famille et que l'instruction a été longue. Un homme et une famille, "des gens simples en qui tout le monde peut se reconnaître". Il attend de savoir, notamment lors de l'étude de personnalités, si les accusés vont "conserver cette espèce d'indifférence à la mort qui est la leur" et surtout "quel a été le mobile de cet acharnement ?" L'avocat indique que la famille "veut savoir ce qui s'est passé."
On ne peut pas accepter dans notre société que des gens puissent mourir du fait qu'ils remplissent une activité d'intérêt général, de service public.
Me Alexandre Novion, avocat de la famille de Philippe MonguillotFrance 3 Aquitaine
Il continue de défendre la thèse de la double altercation exposée précédemment, assurant que le chauffeur de bus est devenu un symbole, "une figure d'autorité" : "Philippe Monguillot ne serait pas mort, s'il était resté dans sa cabine... Il a refusé de se soumettre".
Quant au déroulé de l'altercation, l'avocat répond que "oui" la victime a donné le premier coup, mais que, selon lui, le procès et le visionnage des images de la télésurveillance devraient montrer le contexte dans lequel cela s'est produit.
Pas de "vengeance", "du droit"
Maître Thierry Sagardoytho, avocat de Wissem Manai est visiblement très agacé que le procès ait "déjà commencé" : "j'espère surtout que nous allons faire du droit" martèle-t-il.
J'espère que les passions, la vengeance, qui se sont exprimées ces derniers jours par voie médiatique se lasseront et que, comme la loi l'exige, les deux principaux accusés seront jugés équitablement.
Me Thierry Sagardoytho , avocat de Wissem ManaiFrance 3 Aquitaine
"J'entends que la justice soit rendue avec sérénité". Et le conseil d'ajouter que la chambre d'instruction de la cour d'appel a écarté la qualification d'"homicide volontaire" pour "coups et blessures volontaires entraînant la mort sans intention de la donner".
Quant à la thèse de la double altercation ? "Je l'ai contestée en son temps et la chambre d'instruction m'a donné raison. Parler de préméditation et de rencontre recherchée était un mensonge".
Des images attendues
Dès lundi 18 septembre, le procès rentrera un peu plus dans le détail sur le déroulé des faits, témoignages des différentes parties et surtout le visionnage des images de vidéosurveillance qui viendront peut-être accréditer l'une ou l'autre des hypothèses.