Procès du chauffeur de bus tué à Bayonne : "Il n’existe pas de punition à la hauteur de ce qu’ils ont fait"

Le 5 juillet 2020, Philippe Monguillot, chauffeur de bus à Bayonne, perdait la vie après une altercation mortelle avec deux usagers. Alors que le procès s’ouvre ce vendredi 15 septembre, sa femme Véronique attend de la justice une peine exemplaire après "trois ans de souffrance".

"J’ai ces images qui me hantent tout le temps." Trois années se sont écoulées depuis le drame. Pourtant, les souvenirs de cette journée restent intacts, particulièrement douloureux. Véronique Monguillot a perdu son mari de 59 ans, le 5 juillet 2020.

Roué de coups en service

"Le matin était heureux parce qu’il était encore là. On a bu le café dehors, on a préparé le repas puis il m’a dit « à ce soir mon amour ». Vers 18 heures 30, on s’envoyait des messages. Puis d’un coup, plus rien." Dans la soirée, alors qu’il conduisait un bus dans les rues de Bayonne, Philippe Monguillot est roué de coups par deux usagers après des incidents répétés.

"La première altercation verbale a démarré dans l’après-midi, raconte sa femme. Ils voulaient monter sans titre de transport et Philippe leur a dit non. Il s’est fait insulter, mais il est sorti malgré tout pour les aider à prendre un ticket. Ils ont finalement pris le tram et sont revenus le soir. Ça a dégénéré. Tout le monde connaît la suite."

Alors qu'il tente de les réprimander, le chauffeur est pris à partie, se fait éjecter hors du bus. La scène est d'une violence inouïe. Roué de coups, frappé plusieurs fois à la tête, Philippe Monguillot est transporté à l’hôpital avec une fracture du crâne et une hémorragie. Dans un état de mort cérébrale, il restera cinq jours dans le coma avant de succomber à ses blessures. "Il a juste été maintenu en vie pour qu'on puisse lui dire adieu", se résigne aujourd'hui son épouse.

Un procès pour l'exemple

"Sur son lit de mort, je lui ai promis d’aller jusqu’au bout, pour lui, pour nous, et pour nos filles", confie Véronique, dont les yeux humides et fatigués n'entachent pas la détermination.

Le procès s’ouvre vendredi 15 septembre, devant la cour d’assises de Pau dans les Pyrénées-Atlantiques. Les prévenus, deux hommes de 24 ans, sont jugés pour "violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner" malgré la demande du parquet de Bayonne, en avril, d'un renvoi pour "homicide involontaire aggravé". Ils encourent la perpétuité. Un troisième individu de 43 ans devrait également être jugé pour avoir logé les deux autres.

Véronique Monguillot s'était par ailleurs indignée de la requalification des faits en mai dernier. "Il n’existe pas de punition à la hauteur de ce qu’ils ont fait", lance aujourd'hui l'épouse. En revanche, elle espère la "peine maximale", soit trente ans d’emprisonnement, pour que "la mort de Philippe soit un exemple, que plus aucune famille ne soit détruite".

Je ne ferai mon deuil que quand je rejoindrai mon mari, mais la justice peut au moins m’aider à le commencer.

Véronique Monguillot

À France 3 Aquitaine

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Le 5 juillet 2020, Philippe Monguillot, chauffeur de bus à Bayonne, perdait la vie après une altercation mortelle avec deux usagers. Alors que le procès s’ouvre ce vendredi 15 septembre, sa femme Véronique attend de la justice une peine exemplaire après "trois ans de souffrance". ©France télévisions

Une affaire qui émeut

L'agression de Philippe Monguillot pendant son service avait suscité l'émotion dans la France entière, et plus particulièrement au Pays basque, où, quelques jours après les faits, une marche blanche avait réuni 6 000 personnes. Venu immédiatement sur place, le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebarri, dénonçait alors un drame "particulièrement choquant".

Des trois années passées depuis la mort de son mari, Véronique déplore la "souffrance", "le temps passé à le chercher". De lui d'ailleurs, elle ne veut garder que le meilleur. Dans un sourire, elle évoque les vingt-huit années de vie commune, dont vingt-cinq de mariage, leur projet d'achat de camping-car, ou encore cette soirée de juillet, la veille des faits, où ils assistent, amoureux, à un "coucher de soleil aux couleurs incroyables".

Avec ses trois filles, elle sera présente au procès en tant que partie civile. Parallèlement, elle a fondé une association qui porte le nom de son mari dans le but de protéger les chauffeurs de bus d'agressions physiques, morales ou verbales, sur le territoire national. "Ça fait partie du combat", glisse-t-elle.

Pour rappel, le procès s'ouvrira vendredi 15 septembre et se poursuivra jusqu'au 21 septembre.

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