Rochefort, Gradignan, Saintes, Tulle et Bayonne sont les cinq établissements les plus peuplés de la région au 1ᵉʳ juillet 2023 avec une densité carcérale au-delà des 180%. Dans les autres maisons d'arrêt et centres pénitentiaires de la région également, les chiffres sont particulièrement hauts. Les centres de détention, en revanche, semblent préservés de ce phénomène chronique de surpopulation.

Les chiffres du ministère de la Justice ont été rendus publics fin juillet et, ce n'est pas une surprise car le phénomène perdure, ils font état d'une surpopulation importante dans plusieurs établissements de notre région, et souvent au-delà de la moyenne nationale établie à 146,3% : cette moyenne concerne les maisons d'arrêt et centres pénitentiaires, c'est-à-dire les prisons où sont incarcérés les détenus en attente de jugement, et donc présumés innocents, et ceux condamnés à de courtes peines.

Une hausse qui se poursuit

Ainsi, en Nouvelle-Aquitaine, la surpopulation moyenne dans les maisons d'arrêt et centres pénitentiaires est de 146,9%, c'est légèrement au-dessus de la tendance française. Mais sur les quatorze établissements que compte la région, huit dépassent cette moyenne nationale, soit plus de la moitié.

Plus généralement, à l'image de la France qui vient de battre un nouveau record de 74 513 personnes détenues, la Nouvelle-Aquitaine accueille 7 430 prisonniers contre 6 997 il y a tout juste un an (toutes structures confondues, y compris les centres de détention). Ici, comme partout en France, la population carcérale progresse, comme l'explique le rapport du ministère de la Justice

205,8% à Rochefort

L'établissement qui bat malheureusement tous les records est la maison d'arrêt de Rochefort en Charente-Maritime. La prison se trouve d'ailleurs dans la liste des huit établissements français dépassant les 200% de taux d'occupation.

L'établissement pénitentiaire affiche une densité carcérale de 205,8% au 1ᵉʳ juillet 2023 avec 107 personnes écrouées alors que l'établissement ne dispose concrètement que de 52 places disponiblesUne occupation en hausse, puisque, sur le site de l'établissement, le nombre de détenus recensé au 1ᵉʳ janvier 2023 était de 93 pour une capacité de 50 places (soit un taux de 186% à l'époque).

Viennent ensuite le centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan (densité carcérale de 190,3%), la maison d'arrêt de Saintes (189,2%), la maison d'arrêt de Tulle, (183%) et la maison d'arrêt de Bayonne (182,7%).

Si les autres établissements n'atteignent pas ses records, ils sont toutefois tous en sureffectif (au-delà des 100% de taux d'occupation) à l'exception de la maison d'arrêt de Pau (238 détenus écroués pour une capacité de 242 places, soit 98,3% de densité carcérale).

Le détail dans le tableau ci-dessous : 

Un quotidien difficile

Ces chiffres viennent confirmer une situation difficile d'accueil qui n'est pas sans conséquences. Ainsi, en mai dernier, le centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan qui accueillait alors 822 détenus pour 439 places, a décidé, et c'est une première, de suspendre les incarcérations de détenus, faute de places, dans le quartier des hommes. 822 détenus étaient alors accueillis dont 108 sur des matelas au sol… Une gestion au quotidien extrêmement compliquée et qui pose des questions de dignité et de sécurité, comme l'a récemment relevé la Cour européenne des droits de l'homme dans un arrêt du 6 juillet 2023. En ce début d'été, le nombre de détenus a baissé (666 personnes écrouées pour une capacité de 350 places), mais cela reste bien trop élevé. 

Autre exemple avec les établissements du Limousin : ceux de Tulle, Limoges et Guéret sont oubliés du plan gouvernemental. Alors que les trois maisons d'arrêt sont vieillissantes, aucune nouvelle construction n'est prévue, par exemple, dans l’agglomération de Limoges alors que le président de la Métropole et le maire en réclament une depuis 2020. Et pourtant, la population carcérale augmente : 148 détenus à Limoges au 1ᵉʳ juillet cette année contre 131 à la même période l'an dernier... Même constat à Guéret et Tulle.

Cet été, un rapport parlementaire paru le 19 juillet proposait deux axes principaux de réforme concernant ce problème de surpopulation :

  • 1/ "Le rapport constate que le développement du recours aux alternatives à l’emprisonnement ces dernières années ne s’est pas accompagné d’une réduction de la population carcérale." 
  • 2/ Le rapport propose l'éventuelle création d'un mécanisme de régulation carcérale.

De nombreuses voix réclament depuis des années un système de régulation. L'idée notamment d'interdire de nouvelles incarcérations, dès que le taux de 100 % d'occupation est atteint, est ainsi évoquée. 

Les centres de détention préservés

Si les maisons d'arrêt et les centres pénitentiaires souffrent de ce problème récurrent, les centres de détention (pour les peines de longue durée) semblent en revanche préservés avec une densité carcérale comprise entre 92 et 97%.

Même constat pour les centres et quartiers de semi-liberté et les structures d'accompagnement vers la sortie.

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