Un an après l'altercation qui a coûté la vie à Philippe Monguillot, chauffeur de bus à Bayonne, une reconstitution judiciaire est organisée ce vendredi 9 juillet pour tenter de faire la lumière sur ce drame, qui avait suscité beaucoup d'émotion dans le Pays basque.
Le 5 juillet 2020, une violente altercation éclate entre Philippe Monguillot, chauffeur de bus âgé de 59 ans, et plusieurs passagers qui refusent de porter un masque, au niveau de l'arrêt de bus Balichon à Bayonne. À l'arrivée des secours, le chauffeur est inconscient, en état de mort cérébrale. Son décès sera prononcé quelques jours plus tard à l'hôpital.
Dans le Pays basque, ce drame suscite beaucoup d'émotion et de colère. Dès le 8 juillet, une marche blanche en hommage au chauffeur rassemble plus de 6.000 personnes, qui marchent entre le lieu de l'agression et l'hôpital.
La veille, le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a fait le déplacement à Bayonne pour rencontrer les collègues de Philippe Monguillot. Marlène Schiappa, ministre auprès du ministre de l'Interieur, sera présente aux obsèques du chauffeur, le 20 juillet.
Que s'est-il passé le 5 juillet ?
Un an après les faits, une reconstitution judiciaire est organisée ce vendredi 9 juillet à Bayonne pour faire la lumière sur le déroulement des faits et leur chronologie. Le secteur est bouclé par la police pour toute la matinée, et la circulation des transports en commun est perturbée.
Après le drame, quatre suspects ont été mis en examen, dont deux poursuivis pour "homicide volontaire". Fin août 2020, les avocats d'un des principaux suspects ont révélé que selon les images de vidéo-surveillance, le premier coup avait été porté par le chauffeur, Philippe Monguillot.
En novembre, c'est le rapport d'autopsie qui a fait l'objet de débats. Pour la défense du principal suspect, ce n'est pas le coup porté par son client qui a entraîné la mort du chauffeur, mais la chute au sol de Philippe Monguillot.
Une lecture que réfute l'avocat de la famille du chauffeur, qui dénonçait alors une provocation de la part de la défense.
Plus de quatre heures de reconstitution
Pendant presque cinq heures, les enquêteurs se sont attachés ce 9 juillet à retracer les derniers instants du chauffeur de bus de 59 ans, de l'agression survenue le 5 juillet 2020 à Bayonne en présence des quatre suspects.
Ces derniers ont reproduit leurs faits et gestes, dont les deux principaux auteurs des coups, âgés de 22 et 23 ans, poursuivis pour "homicide volontaire" et détenus depuis un an.
Les deux autres, poursuivis pour "non-assistance à personne en danger", étaient sous contrôle judiciaire depuis novembre mais l'un d'eux a depuis été à nouveau incarcéré pour une autre affaire de violences.
Ecoutez les explications de Cécile Bonté-Baratciart sur des images de Christian Etchegaray.
Le déroulé de l'atercation semble désormais connu : elle avait démarré à l'intérieur de la rame et avait dégénéré après que le chauffeur de bus eut asséné un coup de tête à l'un des agresseurs. Hors du bus, il avait été roué de coups, un ultime coup de poing le faisant tomber au sol. Cette chute avait causé une fracture du crâne et une hémorragie. En état de mort cérébrale, il était décédé cinq jours plus tard à l'hôpital.
Me Alexandre Novion, avocat de la veuve et des trois filles de Philippe Monguillot, a salué une reconstitution "dans les règles de l'art", lors de laquelle "la vérité a progressé".
Elle a en revanche été "un exercice difficile" pour la défense du jeune homme accusé d'avoir porté l'ultime coup, qu'il ne nie pas. "Il a provoqué la chute de M. Monguillot puis son décès est survenu quelques jours plus tard", a dit son avocat Me Thierry Sagardoytho, préferant parler pour sa part de "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" pour son client. "Nous espérons que l'instruction ne s'égarera pas pour faire tenir une qualification de meurtre qui de toute évidence ne tient pas."