Quatre jours après le feu vert donné par Ursula von der Leyen sur le Mercosur, des agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques ont participé à une action coup de poing ce mardi 10 décembre, à Pau. Ils maintiennent la pression, alors que s'ouvre aussi la période des négociations commerciales avec la grande distribution.
Le lieu n'a pas été choisi au hasard. Sur la rocade de Pau, aussi appelée Avenue de l'Europe, une trentaine de tracteurs déversent des tonnes de lisier, souches d'arbres, pneus et déchets.
Action coup de poing et symbolique
Colère et aussi impuissance. "C'est notre remerciement à Ursula von der Leyen qui est allée signer l'accord du Mercosur dans notre dos", gronde Marc Dupouy, secrétaire général de la Fdsea, au nom des agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques.
Vendredi dernier, la présidente de la Commission européenne s'est rendue en Uruguay pour donner son feu vert au traité de libre-échange, décrié par les agriculteurs et la classe politique française depuis des semaines. De quoi raviver la colère de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) 64 qui ont tenu, ce mardi 10 décembre, à montrer leur mécontentement face à l'avancée des négociations.
L'Europe est notre allié, mais ce qu'à fait Ursula von der Leyen en représentant la Commission, nous ne les acceptons pas. C'est notre façon de le dire. Dans notre petit coin du sud-ouest, on ne peut faire que ça.
Marc DupouySecrétaire général de la Fdsea 64
La rocade de Pau a été bloquée et coupée à la circulation, le temps de cette action coup de poing d'une heure et demie.
Un étiquetage trompeur
Plus tôt dans la journée, la cinquantaine d'agriculteurs a débarqué dans un hypermarché du secteur. Les produits ont été examinés méticuleusement pour une opération étiquetage. Ceux dont la provenance était floue ou indiquée "UE" ont reçu des étiquettes "Je ne sais pas d'où ça vient" et "On cherche à nous tromper".
"Ici, on a du maïs doux qui vient de Hongrie et des haricots verts du Kenya. Là, vous avez une huile dont les origines sont : Asie, Europe, Amérique, Océanie... C'est vrai que ce ne sont pas des choses que l'on produit en France", ironise Sylvain Bordenave, coprésident des Jeunes Agriculteurs 64, en sortant les articles du rayon. Plusieurs dizaines de chariots ont ainsi été remplis avec des boîtes de sucre, de céréales, des conserves de légumes, du lait en poudre...
Outre le contexte national, cette action arrive au début des négociations annuelles entre les agriculteurs et la grande distribution. Celles-ci ont lieu chaque année du 1ᵉʳ décembre au 1ᵉʳ mars de l'année suivante. "On nous demande de nous engager sur ces filières, d'être plus responsables, plus vertueux, d'avoir une traçabilité irréprochable... Et quand arrivent les périodes de l'année les plus fructueuses en termes de marge, on trouve dans les supermarchés des produits qui ont traversé l'Océan", continue Damien Coustille, coprésident des JA 64, qui cultive des haricots et du maïs près de Pau.
Refus des contrôles sur les exploitations
En Gironde, les Jeunes Agriculteurs n'ont pas manifesté ce 10 décembre. Ils ont, en revanche, écrit au Préfet. Inquiet par l'invalidation du budget 2025 et la chute du gouvernement Barnier, qui avait pris des engagements en leur faveur, le syndicat insiste sur l'importance de maintenir les aides de crise économique et sanitaire, l'exonération sur le GNR ou encore les simplifications administratives.
Le sentiment de trahison et d’abandon qui domine actuellement dans le monde agricole est profond.
Jeunes Agriculteurs de GirondeDans une lettre au Préfet
Dans leur lettre, les Jeunes Agriculteurs 33 réclament l'arrêt des contrôles dans les exploitations du territoire. "Tant que l’État ne sera pas en mesure d’honorer les engagements pris et de répondre concrètement aux attentes légitimes des agriculteurs, nous ne pouvons accepter que des contrôles continuent d’être imposés sur nos fermes", écrivent-ils.