Les agriculteurs landais ont réalisé une opération coup de poing dans la nuit de dimanche 8 décembre au lundi 9. Plusieurs ronds-points ont été bâchés ainsi que la permanence du député landais, Boris Vallaud, à Saint-Sever.
Leur colère n’est pas éteinte. Ce dimanche 8 décembre, tard dans la nuit, les agriculteurs de la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs des Landes ont réalisé une opération coup de poing pour manifester leur colère conter le vote de la motion de censure. Un vote qui retarde, de nouveau, la mise en place de nouvelles lois pour leur profession. "C'était une action symbolique pour signifier notre ras-le-bol. Nous avons encore des problématiques diverses de trésorerie, liées notamment à la grippe aviaire", indique Nicolas Bats, exploitant et membre des Jeunes agriculteurs 40.
"Je ne joue pas les un contre les autres"
Le député Boris Vallaud, qui a d’ailleurs voté cette motion de censure, a vu sa permanence bâchée et murée, dans la nuit. “Par ambition personnelle, politique, tu tues nos exploitations. Tu es aussi bancal que ce mur”, indique une banderole, accrochée devant un demi-mur de parpaings.
Au-dessus des blocs, un pantin, accroché par une corde dans une mise en scène macabre, était suspendu. "On voyait le député assez souvent avant, mais depuis plusieurs mois, beaucoup moins. On perd la confiance", regrette Nicolas Bats.
Cette motion de censure, c'est un coup de poignard pour nos exploitations, venant d'une personne qui disait défendre les traditions locales.
Nicolas BatsJA des Landes
Au-dessus, la photo du député, orné d’un nez rouge de clown, trône, la tête en bas. “Pas de gouvernement, mort des paysans !” s’étale en lettres capitales orange.
Face aux accusations, le député landais a réagi sur France Inter ce lundi 9 décembre, expliquant “comprendre les inquiétudes” des agriculteurs. “J’étais informé de l’opération qui ne s’est d’ailleurs pas déroulée dans un climat de tension. Dès le lendemain du vote de la motion de censure, j’ai appelé tous les syndicats pour se rencontrer, ce qui se fera dans quelques jours”, assure Boris Vallaud.
400 millions d'aides
Pour autant, le député ne revient pas sur sa décision. “Je ne joue pas les uns contre les autres”, martèle-t-il, en réponse aux dénonciations des agriculteurs qui accusent les députés votants de leur avoir de nouveau refusé “400 millions d’euros d'aides”.
“Je pense aussi à l’hôpital public et son déficit de 3 milliards d’euros, je pense aux Ehpad quasi tous déficitaires, je pense aux enseignants et aux collectivités territoriales qui allaient être siphonnées par ce projet de loi de finance”, liste Boris Vallaud.
Les agriculteurs ont également mené leurs actions sur certains rond-points du département. Sur celui de Saint-Avit, à Mont-de-Marsan, une immense bâche noire a été déroulée, tout comme à Hagetmau. "Dans mon cas, il va me manquer 30 000 euros de trésorerie. Avec les prêts garantis par l'État, j'aurai pu emprunter pour payer mes charges, là, je vais devoir prendre un crédit avec des taux très élevés", précise Nicolas Bats.
Ce lundi matin, les stigmates de la colère des agriculteurs avaient déjà disparu. Les services de la ville ont en effet nettoyé la permanence du député. Sur les ronds-points, les banderoles continuent, cependant, d'interpeller les automobilistes.
Un rendez-vous avec les principales organisations syndicales a été organisé ce jeudi. Une manière d'apaiser, une nouvelle fois, les tensions. Mais les agriculteurs préviennent : "On espère plus que des paroles, assure Nicolas Bats. Depuis trois ans, on a déjà beaucoup de paroles, maintenant il faut du concret, des actions."