Après les dégradations engendrées par les mobilisations des agriculteurs dans leurs départements, les préfectures des Landes et du Lot-et-Garonne ont décidé de porter plainte. Une action à laquelle a vivement réagi la Coordination Rurale qui a décidé de porter plainte à son tour.
“Voici enfin la réponse que vous formulez aux agriculteurs du Lot-et-Garonne”. C’est par cette phrase teintée d’ironie que débute la réponse de la Coordination Rurale 47 à la plainte déposée ce lundi par le préfet du Lot-et-Garonne. Comme son homologue landais, jeudi dernier, la préfecture a en effet demandé l'ouverture d'une procédure judiciaire pour dénoncer les dégradations, engendrées la semaine dernière, dans plusieurs points de la ville d’Agen, et notamment devant le bâtiment d’État.
Consignes du Ministère
Cette fois, le préfet a condamné vivement les dégradations devant les portails de la DDT, DDETSPP et de la cité administrative. Il l'a fait "conformément aux consignes reçues du ministre de l'Intérieur, recommandant l'accompagnement des manifestations dans le respect de la liberté de manifester, mais la plus grande fermeté dès lors qu'elles engendreraient des atteintes aux biens".
Dans les Landes, le parquet de Mont-de-Marsan avait de son côté précisé que “trois enquêtes” étaient en cours, confiées au commissariat de Mont-de-Marsan, pour les faits “survenus au siège de la DDTM, de la Mutuelle sociale agricole” et à la centrale d’achat de Leclerc.
La démarche a en effet été proposée par le ministère de l’Intérieur. "Je vous demande de prendre toutes les mesures utiles dès le début de la semaine pour faire respecter ce cadre, notamment afin de dissuader et d'empêcher toute dégradation à l'encontre des bâtiments visés, et de protéger les personnels qui y travaillent", déclare le ministre dans un document interne.
"Colère des campagnes"
Pourtant, la plainte ne passe pas auprès des agriculteurs manifestants : “Vous choisissez de déposer plainte pour des actions qui, vous le savez, sont bien moindres en intensité par rapport à l’année dernière”, constatent José Perez et Karine Duc, les deux coprésidents du syndicat lot-et-garonnais. En effet, en février dernier, le préfet avait choisi de ne pas saisir la justice, après des actions à Agen qui avaient entraîné 400 000 euros de frais de nettoyage, selon la mairie, ne les jugeant “pas significatifs”.
Dans ce courrier, les agriculteurs interrogent également la motivation de ce dépôt de plainte. “Sont-ce les dégradations qui vous ont poussé à déposer plainte ou votre vexation ?”, questionnent les deux coprésidents qui assurent qu’ils ne “canaliseront plus” la colère des paysans.
Nous avons contenu le plus possible, et encore une fois, la colère des campagnes alors qu’elle ne cesse d’augmenter en intensité dans chaque ferme.
José Perez et Karine Duc,Coprésidents de la Coordination Rurale 47
Face aux démarches judiciaires entreprises par les préfectures, le syndicat a donc décidé, lui aussi, de déposer plainte à son tour “dans les prochains jours”. “Pour responsabiliser l’État face au déclin de notre profession, pour dénoncer la situation financière intenable des exploitations agricoles face aux décisions désastreuses et aussi en l’absence de solution, et pour dénoncer les dégâts économiques et moraux subis par les agriculteurs”, liste la Coordination rurale 47.
Une démarche qui complète, selon eux, les "actions de terrain” pour être entendus. Plusieurs mobilisations, en Dordogne, dans les Landes ou encore en Lot-et-Garonne, sont toujours en cours, à l’appel des différents syndicats.