Routes impraticables, bergers coincés en estives, après les intempéries, les transports, dernier problème à régler

Depuis ce samedi 7 septembre, la vallée d’Aspe a changé de visage. Éboulement, coulées de pierres, inondations, les dégâts causés par les intempéries ont largement modifié les axes de circulation, comme à Urdos où la RN134, qui relie la France à l’Espagne, est coupée sur quarante mètres de large par un effondrement de terrain.

C'est un geste fort de la mobilisation et de l’implication des habitants de la Vallée d'Aspe :  l’école d’Etsaut, qui accueille les enfants des villages sinistrés d’Urdos, Borce, Cette-Eygun et Etsaut, a rouvert ses portes, deux jours après les pluies orageuses qui ont ravagé le village. Pourtant, ici comme dans le reste de la vallée, les stigmates de cet orage sont encore largement visibles. Dans la zone, la circulation a d’ailleurs été modifiée sur plusieurs axes, pour permettre aux habitants comme aux frontaliers de rouler.

La RN134, chantier titanesque

Au-dessus d’Urdos, les langues bitumées de la RN134 ont laissé place à un trou béant de plusieurs mètres de large. Cet axe névralgique de la vallée ne sera pas utilisable pendant au moins six mois, selon les experts de la DIRA et des services de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. “On aura, à partir de mercredi, l’arrivée d’experts du ministère des Transports pour faire une première évaluation de l’état de la route qui nous donnera, on l’espère, des précisions rapides sur la durée prévisionnelle des travaux”, précise Julien Charles, le préfet des Pyrénées-Atlantiques.
Pour éviter de paralyser un trafic à la fois local et transfrontalier, dès dimanche 8 septembre, la préfecture a mis en place un plan de gestion. Des panneaux d’affichages ont été installés à Gan ainsi qu’à Soumoulou et Pau pour prévenir les conducteurs.

Dans ce plan de gestion, la route est donc coupée dans les deux sens entre Gurmençon et les Forges d’Abel. Les véhicules doivent donc faire demi-tour à Gurmençon pour ceux se dirigeant vers l’Espagne. Dans le sens inverse, ils sont retournés au tunnel du Somport.

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Au-dessus d’Urdos, les langues bitumées de la RN134 ont laissé place à un trou béant de plusieurs mètres de large. ©France 3 Aquitaine

Privilégier les itinéraires alternatifs

Pour se rendre à la frontière depuis la France, les poids-lourd et les voyageurs sont donc invités à regagner l’A64 puis l’A63. “Pour les voyageurs souhaitant rejoindre l’Espagne, il est fortement conseillé d’emprunter des itinéraires alternatifs. À l’ouest, la route via Biriatou par l’A63 est recommandée. À l’est, les options incluent la Nationale 125, la Nationale 20 ou encore Le Perthus via l’A9”, indique le conseil départemental. Une déviation est également mise en place à partir d’Oloron-Sainte-Marie pour se rendre ensuite à Sauveterre-de-Béarn et prendre la départementale 430 jusqu’à l’échangeur avec l’A64 à Puyoo. 

Le tunnel du Somport, qui accueille chaque jour environ 1 500 véhicules, a donc été fermé à la circulation par sécurité. C’est le deuxième tunnel fermé du secteur : celui de Bielsa est aussi fermé suite à des glissements de terrain, cette fois du côté espagnol, sur l’A138 et la RD173. Là aussi, les réparations de la chaussée devraient prendre plusieurs semaines.

Circulation locale

Les locaux peuvent en revanche emprunter la nationale. "Une desserte locale est néanmoins maintenue pour accéder aux communes de Cette-Eygun, Etsaut, et Urdos, jusqu’au point de coupure de la RN134", avance la préfecture.

Dans les villages touchés par les inondations et les glissements de terrains, certaines routes communales sont encore impraticables. “Une mission menée par la sécurité civile va se mettre en place pour réaliser des premières évaluations des routes communales et des chemins ruraux touchés par les intempéries”, précise Julien Charles, le préfet des Pyrénées-Atlantiques.

Les hameaux de montagne de la commune de Borce sont toujours isolés à l’heure actuelle.

Julien Charles,

Préfet des Pyrénées-Atlantiques

La départementale 934 (col du Pourtalet) est également temporairement interdite à la circulation des poids lourd, entre le lieu-dit Villa Caprice et le col du Pourtalet, sur la commune de Laruns. Sa réouverture interviendra dès le retour à des conditions normales de circulation sur l’ensemble du réseau routier transfrontalier béarnais.

Le GR 653, chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle et de la voie d’Arles est toujours fermé aux randonneurs. “L'itinéraire est fermé à partir de Sarrance jusqu’au col du Somport. Nombreuses portions de sentiers sont effondrées et des passerelles impraticables”, précise le conseil départemental. Des déviations sont cependant possibles à partir d’Oloron-Sainte-Marie par le GR78 jusqu’en vallée d’Ossau et le GR108 et le Col des Moines ou poursuivre sur le GR78.

Concernant le mythique GR10, l’itinéraire a désormais rouvert, mais la prudence reste de mise, “le temps que les terrains s’assèchent”. La préfecture a notamment enjoint les touristes et les randonneurs à “éviter le secteur”. “On est sur des endroits pas sûrs, gorgés d’eau, avec de nombreux points dangereux”, précise le préfet du département.

Économie à l’arrêt

Dans la vallée d’Aspe, les intempéries ont entrainé un arrêt dans l’activité économique des entreprises. La coupure des axes routiers et le report des 500 camions quotidiens sur les passages de Biriatou ou du Perthus, risque fortement d’impacter les entreprises locales. “Ces itinéraires, notamment pour la région d’Aragon qui représente 95% du trafic de poids lourds au tunnel du Somport, vont être plus longs et plus onéreux. Les entreprises de la vallée qui se faisaient livrer des matières agricoles ou dangereuses vont donc être impactées en matière de chiffre ou de délai”, indique Caroline Augé, secrétaire générale du réseau OTRE en Pays de l’Adour.

Un transport altéré qui touche aussi le secteur touristique. “Les cars sont considérés comme des poids-lourd. Comment la station du Somport ou les villages de la région vont pouvoir accueillir des touristes s’ils ne peuvent pas traverser ?”, interroge Caroline Augé.

Le secteur agricole est, lui aussi, fortement touché. Outre les terres et les cultures gorgées d’eau, les bergers, pour certain toujours en estives, se retrouvent coincés. “Certains souhaitent descendre prochainement et nous travaillons avec les services de sécurité pour faire cela de façon sécurisée”, indique le préfet des Pyrénées-Atlantiques. S’ils sont régulièrement ravitaillés par hélicoptère, ils ne peuvent en effet pour l’instant redescendre dans la vallée.

Les troupeaux et les bergers vont bien, ils sont ravitaillés régulièrement.

Valérie Escot,

Maire de Cette-Eygun

Leur chemin empruntait auparavant la nationale 134. “De nombreuses estives ne sont plus desservies. Il faut trouver une solution pour les faire descendre, eux, mais aussi leurs troupeaux et leur matériel”, assure la maire de Cette-Eygun, Valérie Escot qui s’est rendue avec une équipe sur les lieux pour déterminer des itinéraires secondaires.

Le risque de nouvelles pluies, prévues dès ce mercredi, plane désormais sur la vallée. Tous espèrent que la météo laisser à la région le temps de panser ses plaies, sans dégâts supplémentaires. 

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