Intempéries en Béarn. "Le ruisseau est complètement bouché, il a débordé" : le nettoyage des cours d'eau, au cœur des débats

Coulées de pierre, inondations, crues, ce samedi 7 septembre, quatre villages de la vallée d’Aspe ont subi de lourds dégâts suite aux précipitations exceptionnelles. Après la sidération, chacun tente aujourd’hui de comprendre ce qu’il s’est passé. Pour certains acteurs, le manque d’entretien des cours d’eau serait un des facteurs majeurs de ces conséquences.

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À Cette-Eygun, ce samedi 7 septembre, le constat est sans appel. Dans le village, ravagé par les inondations, le pont s’est effondré sous la pression de la végétation morte, charriée puis coincée contre les piles du pont. Dans les trois autres villages, les embâcles, ces obstructions du lit d’un cours d’eau, seraient aussi à l’origine des crues et des coulées de boue et de terre.

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Problème des embâcles

Sur le terrain, ce dimanche 8 septembre, les tractopelles font encore leur ronde, pour déblayer les tonnes de graves qui ont enseveli le village. Pourtant, déjà, on s’interroge sur les raisons de cet événement inédit. “Le problème, c’est le ruisseau qui est complètement bouché et qui a débordé”, indique un habitant. 

À Etsaut, Inaki Echaniz, le député des Pyrénées-Atlantiques, établit le même constat. “Ce seraient des embâcles, qui ont provoqué ces situations-là. On va donc devoir continuer à réfléchir sur l’entretien des cours d’eau”, indique le député. 

Des propos bien plus tranchants dans la bouche de Michel Pélieu, le président du conseil départemental des Hautes-Pyrénées, département voisin également touché par les intempéries. “On a sanctuarisé les rivières et ses abords et on ne peut plus enlever d’arbres pour protéger certaines espèces. Ce qui fait que, quand des arbres sont arrachés et transportés, ils créent des embâcles et les rivières sortent de leur lit. Tout ça, c’est bien joli, mais la facture est lourde”, indiquait-il, ce lundi, au micro de nos confrères de France Bleu Béarn-Bigorre.

"On tremble"

En Béarn, Bernard Uthurry, président de la Communauté de Communes du Haut-Béarn va dans le même sens. “Ce qu’il s’est passé, c’est la rencontre d’un événement exceptionnel et d’un cadre à risque, soit l’entretien des cours d’eau”, reconnaît-il.

Comme le député des Pyrénées-Atlantiques, il veut ouvrir le débat sur le nettoyage des cours d’eau. “La règlementation se comprend au niveau de son utilité écologique. Mais si elle n’évolue pas, il va falloir expliquer à ceux qui se sont fait percuter leur façade par des rochers pourquoi”, met en garde Bernard Uthurry.
“En 2023, l’école de Lourdios a failli être emportée par une inondation à cause, là aussi, d’un embâcle qui avait provoqué la sortie de la rivière”.

Certes, le nettoyage des cours d’eau ne résoudra pas tous les problèmes, mais il peut limiter leur nombre.

Bernard Uthurry,

Président de la communauté de communes du Haut-Béarn, maire d'Oloron-Sainte-Marie

"L'efficacité du curage des cours d'eau ne sera pas suffisant"

Dans sa commune d’Oloron-Sainte-Marie, il reconnaît aussi “trembler” régulièrement. “On ne craint pas les inondations chez nous, mais à chaque épisode de fortes pluies et donc de fort courants, quand on voit des bois se fracasser contre les piles du pont, on a peur qu’il s’effondre”, illustre Bernard Uthurry, rappelant que celui de Cette-Eygun n’a, lui, pas résisté aux assauts des branchages.

Si les élus demandent un allègement des procédures de nettoyage, ces méthodes ne suffiraient pas à éviter ces risques, lors de précipitations majeures futures. “En montagne, il y a un certain nombre de risques naturels comme les avalanches, l’érosion. L’efficacité du curage des cours d’eau ne sera pas suffisant pour arrêter ce type de risque, même si, en effet, lors de forts épisodes similaires, l’endiguement de lits mineurs a pu limiter l’impact de l’érosion”, indique Aurélien Ribes, chercheur au CNRM (Centre national de recherches météorologiques, Météo-France et CNRS), spécialiste de l’attribution de ces phénomènes au changement climatique.

Que dit la règlementation ?

En matière de règlementation, le Code de l’environnement distingue en réalité deux types d’actions sur les cours d’eau. D’une part, les entretiens réguliers sont à la charge des propriétaires du terrain où se situe le cours d’eau. S’ils ne nécessitent pas d’autorisation particulière, ils se limitent en revanche à la gestion de ces obstructions et de la végétation environnante : élagage des branches basses de la ripisylve (la végétation des berges) qui freinerait l’écoulement de l’eau, enlèvement manuel des embâcles. Des travaux que l’État préconise de réaliser hors de l’eau pour éviter le soulèvement de matière. 

Une facilité d’action qui n’existe pas pour les communes. “Si une collectivité locale entend prendre en charge cet entretien à la place des propriétaires, son intervention doit être validée préalablement par le préfet dans le cadre d’une déclaration d’intérêt général”, indique le gouvernement. 

D’autres parts, les travaux d’aménagement concernent, eux, des interventions plus importantes qui nécessitent des autorisations, régies par le Code de l’environnement. Cette réglementation permet ainsi, selon l’Office français de la Biodiversité (OFB) de préserver “les habitats naturels assurant la vie et la reproduction d’espèces aquatiques”.
“Ils constituent parfois de véritables réservoirs de la biodiversité”, indique l’OFB. Ces travaux englobent notamment les actions de curage des lits des cours d’eau ou les modifications de leurs profils, en “ôtant des sédiments comportant des déchets” ou en modifiant “l’état naturel des berges”.

En cas de non-respect, les propriétaires peuvent écoper jusqu’à un an de prison et 75 000€ d’amende selon leur statut et les actions menées.

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