Le documentaire "Salafistes", qui doit sortir en salle mercredi en France, a suscité des remous lors de sa première projection publique au Festival international des programmes audiovisuels, le Fipa de Biarritz, en raison de sa possible interdiction aux moins de 18 ans.
La commission de classification des oeuvres du Centre national du cinéma (CNC) a en effet préconisé, dans un avis rendu mardi, une interdiction au moins de 18 ans, accompagnée d'un avertissement, a indiqué hier, vendredi le ministère de la Culture.Réalisé par François Margolin et Lemine Ould Salem, ce film, une plongée dans les milieux islamistes les plus radicaux, tourné notamment au Mali, en Mauritanie et en Tunisie, sans voix off ni commentaires, devait être projeté pour la première fois en public ce jeudi soir au Fipa. Mais les organisateurs du festival, informés que le film pourrait être interdit aux moins de 18 ans, ont décidé de réserver la projection aux seuls professionnels accrédités, suscitant la colère de certains spectateurs.
"On a cafouillé", reconnaît un porte-parole.
En cause notamment, une scène montrant le meurtre d'un policier devant le siège de Charlie Hebdo le 7 janvier, qui n'a pas été floutée.
Vendredi, alors qu'une nouvelle projection était programmée l'après-midi, la direction de France Télévisions a appelé le festival pour la faire annuler, car France 3 Cinéma est coproducteur, selon le porte-parole du Fipa.
"On a préféré être prudent après le débat de la veille", a confirmé une porte-parole de la direction de France Télévisions.
Mais le Fipa a maintenu la projection : "Comme on est du côté des auteurs et qu'on a sélectionné le film, on a décidé de ne pas tenir compte de cette demande et de le projeter malgré tout, en floutant la scène et en interdisant
l'accès aux moins de 18 ans", a expliqué le porte-parole du festival.
Dans un courrier adressé vendredi à la ministre de la Culture, le réalisateur François Margolin a expliqué sa démarche et indiqué qu'il allait modifier la scène qui a posé problème.
"J'ai décidé, pas à cause de la commission du visa, mais par respect pour la famille qui me l'a demandé, de couper une partie du lâche assassinat du policier boulevard Richard Lenoir par les frères Kouachi, juste après l'attaque de Charlie", indique-t-il dans ce courrier.
Compte tenu de ces modifications, le réalisateur devra à nouveau saisir la commission de classification des films, pour un nouvel avis, précise-t-on au ministère. Ce sera ensuite à la ministre Fleur Pellerin de se prononcer.
A Biarritz, le film n'a pas fait l'unanimité parmi les spectateurs, certains lui reprochant un manque de recul et de mise en contexte, selon des témoignages recueillis.