Le développement des mobil-homes inquiète les défenseurs du "vrai camping", sous tente ou en caravane

Face à la disparition des emplacements pour les tentes et les caravanes au profit des mobil-homes, un collectif a réagi et lancé une pétition. L'objectif : sauver le "vrai camping". Des discussions sont en cours avec le ministère de l'Economie, en charge du tourisme.

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Le choix de leur camping, ces vacanciers l'ont tous fait pour la même raison : " parce qu'il n'y a pas de mobil-homes ", répond du tac au tac Anne-Marie. " Partout maintenant, il y a des mobil-homes et de moins en moins de place pour camper réellement ", explique Jean-Pierre, un autre client. Tout le problème est là.

L'authenticité du camping traditionnel

Au camping Larrouleta, à Urrugne près de Saint-Jean-de-Luz, les 327 emplacements sont tous consacrés aux tentes et campings-cars. Une volonté pour les gérants de préserver une certaine authenticité, comme l'explique Jean-Michel Dufau : " C'est un choix d'image de conserver ce mode de camping. Maintenant, on est encouragé par les clients qui recherchent vraiment ce type d'hébergement. C'est traditionnel, mais cela ne veut pas dire que c'est vieillot, on s'adapte. "

Dans cet autre camping d'Urrugne, intitulé Suhiberry, 105 emplacements nus, soit dédiés aux tentes, côtoient les mobil-homes. Mais face à une forte demande, les gérants ont acheté quatre nouveaux logements en dur cette année. " Beaucoup d'hébergements en locatif sont demandés, car la clientèle est de plus en plus exigeante. Les gens recherchent du confort, même en camping ", souligne Audrey Olaizola, gérante.

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Les emplacements nus, soit dédiés aux tentes et campings-cars, disparaissent de plus en plus en Nouvelle-Aquitaine au profit des mobil-homes, déplorent les créateurs de la pétition. ©Rémi Poissonnier

Des saisons plus longues grâce aux mobil-homes

Et les avantages sont aussi nombreux du côté des propriétaires. " Avoir des mobil-homes nous offre la possibilité d'avoir des saisons plus longues " et " une sécurité au niveau de la trésorerie ", affirment Audrey Olaizola et Jon Paxi Maillo. " En mobil-home, le séjour devra en effet être réglé au plus tard 30 jours avant l'arrivée, alors qu'un emplacement pour tente sera payé seulement le jour de l'arrivée ", précise l'autre gérant, M. Maillo.

Néanmoins, le duo est conscient qu'il faut trouver un équilibre et laisser de la place à tout le monde. " C'est un luxe de se balader au milieu des allées de chênes verdoyantes, on a l'impression de se balader dans un parc et tout le monde y trouve son compte, autant les campeurs que ceux qui sont en mobil-home ", estime Jon Paxi Maillo.

" Si ce n'était qu'un parc de locatif, on deviendrait un parc de loisir ou un parc résidentiel et de notre point de vue, cela enlèverait tout le charme du camping traditionnel. "

Audrey Olaizola, gérante de camping

à France 3 Euskal Herri

Pétition pour sauver le " vrai camping "

Ce camping traditionnel est-il en voie de disparition ? Un collectif de différents acteurs du camping a souhaité réagir pour le préserver. Ils ont lancé une pétition sur Internet qui réunit actuellement plus de 19 000 signatures, sur les 25 000 attendues.

Josiane Enon, propriétaire du camping Les Pastourels en Dordogne, est l'une des fondatrices de ce collectif, qui a décidé de tirer la sonnette d'alarme. " En 2018, 75 % des campings en France proposaient des emplacements nus. Aujourd'hui, il n'en reste plus que 51 %. Et les prédictions envisagent une baisse à 48 % pour 2024. Ce phénomène date du début des années 2000, mais cela s'est intensifié ", explique Mme Enon, qui tire ses chiffres d'une étude publiée dans le magazine Décisions, spécialisé dans le secteur de l'hôtellerie de plein air.

Pour elle, la raison de ce recul est simple : " Le monde du camping se fait racheter par de grands groupes qui recherchent la rentabilité à tout prix. " Alors qu'un mobil-home coûte entre 80 à 150€ la nuit, un emplacement nu coûte plutôt entre 15 à 30€ la nuit. Le calcul est donc vite fait. 

Mais le prix à payer est également social et écologique. " Non seulement il y a un critère écologique à prendre en compte avec tous ces mobil-homes, qui nécessitent de couper des arbres et de transformer le paysage, mais aussi un critère social", explique-t-elle, tout en s'inquiétant d'une menace sur le camping populaire et familial.

Si les emplacements nus disparaissent, les personnes à faibles revenus ne pourront plus se payer des vacances au camping.

Josianne Enon, collectif pour la défense du "vrai camping"

à rédaction web France 3 Aquitaine

Consultations en cours avec le ministère de l'Economie 

A la suite de l'ampleur qu'a prise la pétition, le collectif est aujourd'hui en discussion avec le ministère de l'Economie, en charge du tourisme, selon Mme Enon : " Nous avons déjà discuté à trois reprises dans le but de mettre en place un groupe de travail. Le ministère a entendu nos revendications ", assure-t-elle.

Elle-même propriétaire d'un camping qui dispose de vingt mobil-homes, la co-fondatrice du collectif souligne qu'elle n'a rien contre les emplacements équipés. " Mais les campings qui refusent les campeurs et ne proposent que des mobil-homes ne doivent plus s'appeler ainsi. Plutôt un hôtel de plein air. Il faut clarifier tout ça, comme on l'a fait pour les boulangeries et les dépôts de pain ", poursuit-elle. 

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