L'Etat propose une prime jusqu'à 50 euros pour réparer son vélo, ou en acheter un d'occasion. Le but : encourager de nouvelles mobilités urbaines en toute sécurité en cette période de déconfinement. Au Pays basque, usagers et professionnels saluent ce geste financier qui remet le vélo en selle.
"Ça fait parler du vélo, et rien que ça, c'est déjà bien". Pascal Ballatore est co-président de l'association AVAP, "Allons à vélo allons à pieds", créée en 2016 à Anglet. Pour cet usager au quotidien des pistes cyclables, la prime lancée début mai dernier par le Ministère de la transition écologique et solidaire "c'est un geste intéressant qui va permettre aux gens de se (re)mettre en selle, après remise en état de leurs bicyclettes. Cela pourrait aussi permettre de développer, par exemple, des cours en vélo-écoles; car circuler en ville, ça s'apprend. C'est une mesure financière qui devrait être pérennisée en tous cas".
Concrètement, une aide maximum de 50 euros peut-être déduite pour la remise en état d'un vélo, ou l'achat de cycles d'occasion, que ce soit dans le réseau des réparateurs référencés, ou dans celui des ateliers d'auto-réparation.
La prime n'est valable qu'une seule fois par vélo.
Pour en bénéficier, il suffit de se connecter sur le site et de suivre les instructions "je souhaite réparer mon vélo". (voir détails en fin d'article).
Mais attention ! Pas question d'utiliser ce coup de pouce financier, pour acheter des accessoires de confort, pour customiser, ou rendre plus performant un vélo.
Transport d'avenir
Comme l'explique Nicolas Ainciburu responsable du magasin "Cyclable" de Bayonne "on ne peut pas facturer des composants à vocation sportive. Le but, c'est de réparer des vélos de ville servant à se déplacer pour aller au travail par exemple". La prime est donc appliquée sur le montant des réparations (pièces et main d'oeuvre) concernant notamment les changements de pneus, de câble de dérailleur, ou la remise en état des freins.
"C'est une belle initiative, car le vélo c'est le transport de l'avenir" selon Nicolas Ainciburu. Il tempère pourtant : "le problème, c'est la complexité administrative des dossiers à établir. Les clients s'inscrivent chez nous par mail, et nous devons décider si leur vélo est éligible à la prime. Il ne faut pas se tromper car c'est à nous que l'Etat remboursera -ou pas- le montant de 50 Euros. Il y a des vélos qui sont irréparables.
C'est très attendrissant de voir un jeune homme arriver avec la bicyclette de son grand-père pour la remettre en état... mais c'est impossible car il y aurait trop de travail et, de plus, nous n'avons pas de pièces détachées anciennes !
Autre souci pour Nicolas Ainciburu, l'afflux de demandes. Au moins trois par jour, "alors que l'atelier est en saturation"."Nous sommes déjà dans une période de forte activité" explique-t-il. "Le printemps, c'est la saison du vélo. Nous avons les réparations de nos clients habituels, à effectuer. Et avec la crise sanitaire, nous travaillons différemment. Nous ne pouvons pas réaliser plus de quatre réparations par jour. On a le sentiment d'essuyer les plâtres avec cette prime, victime de son succès; car la demande est forte".
Dans son magasin, il faut compter trois semaines d'attente pour espérer un rendez-vous de remise en état des cycles.
Pour bénéficier de la prime, et remonter plus rapidement sur son vélo, il y a une autre solution : se tourner vers les ateliers associatifs, d'auto-réparation. Eux aussi sont référencés par l'Etat.
Cours de vélo-écoles
L'atelier vélo Txirrind'Ola, de Bayonne, compte déjà 1600 adhérents. Le coup de pouce vélo est une bonne nouvelle, pour Sylvain Morand, l'un des membres du comité de direction."Les vélos vont sortir des caves" explique-t-il. "50 euros c'est suffisant pour une auto-réparation, dans notre atelier. C'est aussi la somme pour y acheter un vélo premier prix d'occasion à 30 euros, plus l'adhésion à notre association, d'un montant de 20 euros. Et si l'on veut s'offrir un cycle plus performant, le prix ne dépassera pas les 90 euros; avec l'aide déduite, cela reste un achat modeste. Et en plus, il comprend l'entretien à l'année dans nos locaux".
Le deuxième point positif pour Sylvain Morand, "c'est l'aide économique que cela va apporter à l'atelier. Car nous avons des demandes de nouveaux adhérents. Actuellement 50% de l'activité est consacrée à ces nouvelles remises en état. Bien entendu, nous avons mis en place toutes les mesures sanitaires réglementaires, avec des distances entre les postes de travail, et le port du masque est obligatoire. On peut venir sans rendez-vous, en respectant ces consignes".
L'atelier Txirrind'Ola a déjà lancé des cours de vélo-écoles. Sylvain Morand espère que la prime "coup de pouce" sera prochainement doublée d'une autre aide bénéficiant aux leçons de conduite cyclable en zone urbaine.
D'autant que la Communauté d'agglomération du Pays basque a décidé d'aménager provisoirement neuf kilomètres de pistes, notamment sur le boulevard du BAB (rejoignant Bayonne à Biarritz), pour favoriser les déplacements inter-urbains, à vélo.
La prime coup de pouce en pratique
Il suffit de se connecter sur le site de choisir la rubrique "je suis un particulier", puis "je souhaite réparer un vélo".En entrant votre code postal, vous trouverez les liens et les contacts des magasins réparateurs et des ateliers d'auto-réparations officiellement référencés sur la plateforme, par le ministère de la transition écologique et solidaire.
Puis vous pourrez les contacter par mail, ou par téléphone pour prendre un rendez-vous.
Celui-ci fixé, vous vous rendrez sur place pour établir un devis. Il faudra se munir d'une pièce d'identité; et laisser ses coordonnées personnelles.
Le montant de 50 euros sera déduit de la facture par le magasin ou l'atelier, qui se charge des démarches administratives.