Le doyen des ours pyrénéens a été observé dans le Val d'Aran espagnol, proche de la frontière française. Il a été filmé grâce à une caméra au déclenchement automatique. Et le plantigrade va bien ! C'est encourageant selon le FIEP qui espère qu'il pourra continuer à se reproduire.
Il fait partie des premiers ours nés dans les Pyrénées depuis leur réintroduction en 1996. A 25 ans, Néré est le doyen de ces quelques 70 plantigrades éparpillés sur toute la chaîne des Pyrénées.
Il a été observé dans le Val d'Aran, en Espagne grâce à une caméra au déclenchement automatique disposée par les amateurs du collectif HOPE (Homme ours Pyrénées Espoir). Cette séquence vidéo exceptionnelle a permis de rassurer les spécialistes français et espagnols qui l'avaient précédemment observé en grande difficulté.
Ce sont en fait deux vidéos "déclenchées" au mois de mai, sur lesquelles il semble aller mieux, même s'il boite encore. C'est une bonne nouvelle puisqu'une vidéo le montrait, le 16 avril dernier, en grande difficulté d'après ces observateurs, avec une blessure de la patte arrière.
"Une très bonne nouvelle" selon le FIEP
Gérard Caussimont, du Fonds d'Intervention Ecopastoral (FIEP) groupe ours Pyrénées, est enthousiaste. "Néré est un animal qui est arrivé dans les Pyrénées-Atlantiques en 2000 et il a vécu jusqu'en 2016 exclusivement entre les Pyrénées-Atlantiques et la partie espagnole des Vallées de Roncal et des vallées aragonaises. Donc c'est un animal que l'on connait très bien, qu'on a pris en photos, en vidéos,...On le suit depuis des années !"
En 2016, il s'est ouvert "un couloir de communication entre les Pyrénées centrales et occidentales. Et les ours qui étaient en Béarn à ce moment-là, c'est-à-dire Néré et son fils Cannellito, ont commencé à emprunter ce couloir et à arriver jusqu'au Val d'Aran". Alors, le vieil ours faisait des allers-retours entre les deux sites mais il se faisait plus rare ces derniers temps. "En voyant les images tournées au mois d'avril on a compris pourquoi : il avait de grande difficulté à bouger son arrière-train notamment la partie gauche.
Gérard Caussimont explique que le groupement a demandé aux autorités espagnoles d'organiser une capture pour vérifier l'état de l'ours et surtout d'identifier les causes de sa blessure "est-ce que c'était dû par exemple à un bloc de pierre ou à une chute ? Est-ce une blessure due à du plomb ? Ou simplement du rhumatisme articulaire ?" Ce n'est pas l'option qu'ont choisie les naturalistes espagnols qui ont préféré le laisser libre de ses mouvements tout en l'observant.
C'est à ce moment-là que les photographes du groupe HOPE, "des photographes animaliers qui ne font pas partie des spécialistes du réseau" ont obtenu ces images. "Sur ces images il a l'air d'avoir retrouvé une mobilité", ce qui confirme d'autres informations des autorités espagnoles.
"Cet animal a été un des deux seuls ours des Pyrénées-occidentales pendant des années et représente un capital génétique unique car il n'est pas apparenté à aucun autre ours des Pyrénées (...) et pourrait apporter une variabilité génétique dans la population pyrénéenne". Néré est né d'une mère slovène mais est le seul survivant de cette lignée. Il s'est reproduit pour la première fois en 2020, dans les Pyrénées centrales, avec deux femelles, et trois oursons sont ses descendants.
Un réseau d'observation
C'est l’Office Français de la Biodiversité (OFB), via le Réseau Ours Brun (ROB) en collaboration avec ses homologues aragonais, catalans, navarrais et andorrans, qui est chargé d’assurer le suivi annuel de la population d’ours brun présente dans la chaîne pyrénéenne.
Le réseau Ours brun constitue un réseau d’observateurs de près de 450 membres (agents de l’État, naturalistes et membres d’associations, chasseurs, accompagnateurs en montagne, bergers/éleveurs, particuliers) déployés sur les 6 départements des Pyrénées françaises. Cette organisation permet de recueillir et partager des données observées sur le terrain. C'est ainsi que l'on sait qu'ils sont 70 ours, d'après le rapport de 2021.
Les résultats obtenus à partir de ce suivi de terrain annuel, qui servent aussi de base pour la réalisation de diverses études scientifiques et de l’évaluation du statut de conservation de la population, sont ainsi mis à disposition des gestionnaires de la faune sauvage et de ses habitats.
En savoir plus sur le site de l'OFB