Quatre défaites consécutives, un nouvel entraîneur Rory Teague qui ne fait pas l'unanimité, l'équipe girondine traverse une zone de turbulences.
Il y a des défaites qui font plus mal que d'autres dans une saison. Celle concédée samedi soir face à Toulouse (19-25) en fait partie. Car après avoir longtemps tenu tête au troisième du championnat, l'UBB a sombré dans la dernière demi-heure en se sabordant tout seul : carton rouge à cause d'un placage haut de Paiva et une inefficacité au pied (Volavola) rédhibitoire à ce niveau.
Ce dixième revers en dix-neuf journées anéantit le mince espoir de qualification pour les phases finales.Rory Teague, le nouvel entraîneur, accuse le coup :" on est vraiment déçu. Il y a pas mal de choses qui sont sorties la semaine dernière autour de moi et du club. Et quand tu ne gagnes pas, c'est vraiment difficile".
La qualification envolée, Bordeaux-Bègles doit assurer son maintien. Avec treize points d'avance sur Brive, barragiste, il faudrait un cataclysme pour descendre. Mais pour s'éviter des sueurs froides, les hommes de Laurent Marti seraient bien inspirés de battre Oyonnax, le dernier de la classe, samedi au stade Chaban-Delmas.
Teague en première ligne
Depuis le départ de Jacques Brunel en équipe de France en janvier, l'UBB a perdu quatre des cinq matchs joués sous la direction de son successeur Rory Teague. La première tendance n'est donc pas favorable à l'entraîneur anglais. S'il n'est pas responsable de tout, sa méthode ne fait pas l'unanimité, y compris au sein de son staff, et cela n'aide pas.
Bourreau de travail, l'ancien adjoint du XV de la Rose est très exigeant, quitte à froisser quelques susceptibilités. Teague sait où il veut aller et avec qui il veut y aller. Quelques tauliers comme Goujon, Maynadier ou Rey ne font ainsi pas partie des ses plans pour le futur proche. Le coach s'en était expliqué en conférence de presse avant la réception de Toulouse : "quand on met un projet en place, il faut penser au long terme. Il ya des choix difficiles à faire. Mais il faut savoir ce que l'on veut rester dans la même situation ou pas. Si on fait les mêmes choses, on aura les mêmes résultats". L'ambitieux Teague, qui entraîne pour la première fois seul à ce niveau, n'a pas de temps à perdre.
Un tournant économique
Si les dernières journées de championnat vont servir à poser les bases sportives du futur, on s'agite aussi en coulisses. Laurent Marti, le président du club, est à la recherche d'un sponsor maillot pour remplacer Matmut, qui ne renouvellera pas son bail en fin de saison. Un manque à gagner important (plusieurs centaines de milliers d'euros) et un déficit en terme d'image à combler. Car si l'assureur n'a pas expliqué publiquement son désengagement, annoncé l'été dernier au président de l'UBB, le fait que l'équipe ne joue pas le haut de tableau n'aide pas. Il reste quelques mois pour trouver l'oiseau rare dans un contexte économique tendu. "De toute façon, on augmentera le budget; on n'a pas le choix", expliquait récemment Laurent Marti.
Autre cas épineux à gérer, celui des matchs au stade Matmut Atlantique. Il y a trois ans, Bordeaux-Bègles avait signé une convention avec la mairie et l'exploitant, la société SBA, pour disputer trois matchs par saison dans la nouvelle enceinte. Même si le coût de la location est élevé ( plus de 200 000 euros par match), le club espérait rentrer dans ses frais grâce aux recettes aux guichets. Mais l'UBB n'a pas souvent rempli le stade, à part contre Toulon en avril 2017 ou La Rochelle en décembre dernier. De plus, les joueurs ne s'y sentent pas chez eux. Ils préfèrent nettement l'ambiance de leur jardin, le stade Chaban-Delmas. En aujourd'hui rien ne dit que Bordeaux-Bègles a encore envie de continuer à délocaliser trois matchs par saison au Matmut Atlantique, ou alors à d'autrres conditions économiques. Mais la décision sera aussi politique.