Elles ont beaucoup de points communs. Les deux races ont bien failli disparaître. L’une est sauvée, l’autre presque… Ces deux porcs rustiques, l'un est basque et l'autre normand, en tous cas ne connaissent pas la crise…
Près de 800 kilomètres les séparent. Du Pays basque, fief du porc Kintoa à la Normandie, siège du porc de Bayeux. On a tenté la battle entre les deux mais finalement il y a beaucoup plus qui les rapproche !
Lili la Basque et Nioui, Ninon les deux cochettes normandes, ont le poil rose et noir. Les deux porcs de Bayeux ont des épis sur le dos et les oreilles longues jusqu'au grouin. Lili a la têtes et les oreilles noires et le cul noir. Et de longues oreilles rabattues sur son grouin aussi.
Les deux races sont rustiques. Michel Mainhaguiet, éleveur au Pays basque précise :
Il faut donner du temps au temps. Leur qualité fait leur renommée et quelque part les a sauvées. Elles sont appréciées des amateurs de "bonne bouffe". Une chair persillée, tendre à souhait " le rôti de porc n'est pas sec" précise Muriel Angée, éleveuse de porc de Bayeux, pour renforcer la singularié de la race. Bref du goût, du bon ! Et leur sauvetage tient du miracle, ou plutôt de la ténacité de quelques uns ou unes. Muriel Angée et Michel sont de cette espèce là ! Elle normande, et lui basque, attachés à leur métier. Et ce n'est pas un hasard s'ils ont choisi de travailler et préserver ces races locales et rustiques.Un an à l'abattage, 100 kg de carcasse minimum...
Autre point commun : elles évoluent au grand air, en plein air. C'est nourriture champêtre, et le reste sans OGM.
La passion des éleveurs du cru
Le Normand comme le Basque a bien failli disparaître et encore ce n'est pas complétement gagné pour le porc de Bayeux. Il ne reste que 115 reproducteurs, autant dire qu'on peut encore frôler la catastrophe et l'exctinction. Muriel explique :
Mais les jeunes éleveurs qui ont relevé le défi il y a tout juste quelques années y croient et c'est sûrement la clé. Muriel met son énergie dans sa nouvelle vie après avoir été cavalière :On a un effectif encore restreint, on a encore de la consanguinité.
On est beaucoup de jeunes à s'installer donc on espère stabiliser la race et la faire repartir de l'avant.
Le Kintoa, lui, a été sauvé par une poignée d’éleveurs. En 1988, ils rassemblent en Vallée des Aldudes tous les individus de la race Pie Noir du Pays Basque, menacée alors d’extinction. Il ne reste alors plus que 25 truies et 2 verrats vivants. En 1994, un élevage de conservation de la race est mis en place. 29 éleveurs travaillent ensemble à la renaissance de la race. Et ça repart avec 136 truies et 34 verrats.
Là encore un point commun dans la battle basco-normande ! La volonté des éleveurs permet le maintien d'une activité dans ces territoires où le travail ne court pas les rues et où la désertification gagne du terrain. Et puis il y a la fierté de son terroir comme en témoigne Michel le Basque :
Ces stars des campagnes :Ça permet de maintenir une activité. Il y a des artisans qui travaillent le porc basque et il y a une diversification chez les éleveurs qui permet un complément de revenus. Ça permet de sauver quelques petites exploitations.
Ils ne connaissent pas la crise
Rien à voir avec les éleveurs de l'ère industrielle. Avec ces deux races-là, pas de surproduction, un juste prix payé pour un produit très prisé. Les consommateurs sont prêts à mettre la main au porte-monnaie pour se régaler et manger sainement et ainsi rémunérer l'éleveur. Encore un point commun, Muriel et Michel ne défilent pas dans les rues, pas de raison d'être en colère, au contraire. N'est-ce pas Michel ?
La plus grande satisfaction quand on va dans une foire ou un marché, c'est quand un client revient satisfait du produit qu'il a consommé. C'est motivant et satisfaisant. C'est du boulot mais c'est du plaisir !