Etonnement et prudence ce vendredi à Aïcirits, la commune basque où Lur Berri a son siège social. Pas de déclaration officielle de la direction. Mais Jean-Jacques Lasserre, ancien président de Lur Berri se montrait réservé. Martin Lamarque, délégué CFDT, plus critique.
Le scandale de la viande de cheval n'épargne pas Lur Berri, qui détient 99 % du capital de Spanghero. La coopérative basque est un géant de l'agro-alimentaire en pleine expansion.Au siège de l'entreprise, les salariés se sentent solidaires de leurs collègues de Spanghero. Le gouvernement soupçonne l'entreprise de Castelnaudary d'avoir trompé ses clients. L'usine est arrêtée jusqu'à nouvel ordre. Une situation qui aura des conséquences aussi pour Lur Berri estime Martin Lamarque, délégué CFDT. " On sait battu pour que Lur Berri reste et travaille localement"a-t-il réagi ce matin devant nos caméras. "Au lieu de faire faire des milliers de kilomètres à de la viande qui vient de Roumanie pour revenir en France...c'est quelque chose qui n'aurait jamais dû exister ".
Lur Berri " a grandi trop vite " et s'est " lancée dans des métiers qu'elle ne sait pas faire a précisé le représentant syndical. " A partir des années 2008 et 2009 Lur Berri a grandi trop vite "
" Non seulement cela a coûté beaucoup d'argent à la coopérative mais elle s'est lancée dans des métiers qu'elle ne sait pas faire. Avec ces rachats, elle s'est projetée dans la mondialisation et la financiarisation", a estimé Martin Lamarque. " On a sacrifié un investissement local qui favorisait des circuits de distribution courts au profit d'investissements extérieurs difficilement contrôlables".
" Revenir à son savoir faire "
"Aujourd'hui, Lur Berri ne fonctionne plus comme une coopérative qui doit promouvoir ses producteurs locaux. Elle est encore gérée par des agriculteurs, mais nous pensons qu'avec ces rachats ils sont loin de pouvoir suivre ces affaires-là, qui doivent les dépasser", a-t-il ajouté.
"L'activité saumon", développée après le rachat de Labeyrie (foie gras et saumon fumé) en 2009, "la fabrication de blinis, qu'est-ce qu'on est allés faire là-dedans ? On ne sait pas faire", a-t-il martelé.
Selon le salarié de Lur Berri depuis 37 ans, "la coopérative doit revenir à son savoir faire, son métier. Ce ne sont pas des limites géographiques, mais des limites d'activité".
"L'honnêteté des dirigeants"
De son côté, le sénateur des Pyrénées-Atlantiques membre de l'UDI, Jean-Jacques Lasserre, ancien président de Lur Berri jusqu'à son élection au conseil général du département en 2011, a
dénoncé "un système complètement fou où il faut donner à manger à tout le monde aux coûts les plus bas".
Selon lui, "il y a longtemps qu'on aurait du dire non". Il a jugé que "les faits sont graves" mais il dit se porter "garant" de "l'honnêteté" des dirigeants dont il "connaît la moralité".
En référence aux prises de positions de ministres ces derniers jours, M. Lasserre a par ailleurs dénoncé "la propension de beaucoup d'intervenants à tirer à boulets rouges sur la coopérative Lur Berri".