Sondage BVA : le coup de tonnerre

Même si un sondage n'est pas le vote final des électeurs, l'étude BVA publiée aujourd'hui par la presse quotidienne régionale, est un véritable coup de tonnerre dans la campagne des régionales en Aquitaine/Limousin/Poitou-Charentes. 

Pour la première fois, en effet, Viriginie Calmels est donnée en tête au terme du premier tour (32% des intentions de vote) et avec une très nette avance (6 points) sur la liste du socialiste Alain Rousset (26%), pourtant longtemps présenté comme le grand favori du scrutin.

Un effondrement inexplicable

Cette situation résulte d'un effondrement, assez inexplicable de la liste socialiste qui perd 10 points par rapport à la même étude réalisée au mois d'octobre. Car de son coté la liste Calmels ne progresse que de 2 points, et même le Front National dopé par les conséquences des récents attentats, voit sa progression réduite (22% d'intention de vote, en hausse de 2 points).

Comme dans le même temps, à gauche, cela profite au Front de Gauche crédité de 7% (+2 pts) et à EELV (+1pts), cette étude semble indiquer un vote sanction à l'égard d'Alain Rousset. Les raisons en sont multiples : elles tiennent à la fois au contexte national défavorable au gouvernement, au rejet assez majoritaire de la création de la grande région auprès des électeurs, à la crainte de voir l'Aquitaine écraser le Limousin et le Poitou-Charentes, mais aussi à la présentation extrêmement tardive (jeudi dernier seulement) du programme d'Alain Rousset.

Les deux études d'opinion de cette semaine donne le sentiment d'une campagne ratée pour le président sortant de l'Aquitaine, qui malgré des milliers de kilomètres parcourus et des dizaines de réunions publiques n'a pas réussi à conserver son considérable avantage d'avant l'été.

Si la liste PS s'effondre, c'est aussi parce que Viriginie Calmels a parfaitement réussi sa campagne et qu'elle incarne aujourd'hui une alternative crédible. Elle a présenté un programme chiffré et détaillé de son action, elle promet de préserver des centres de décision délocalisés et souhaite désigner un vice-président par département. Sa très forte exposition médiatique, dans le sillage de la pré-campagne des primaires d'Alain Juppé, lui a permis de combler son déficit de notoriété et de démontrer sa force de caractère.

Face à un Alain Rousset qui s'est contenté de mettre en avant son bilan en Aquitaine en négligeant les réussites des deux autres territoires, Virginie Calmels s'est définie elle même comme "une dame de faire". Elle s'appuie, par ailleurs sur une nouvelle génération de maires, comme Antoine Audi à Périgueux ou Xavier Bonnefont à Angoulême, qui sont encore dans la dynamique de leur victoire. Enfin, l'ancienne spécialiste de la télé-réalité maîtrise parfaitement tous les codes de la communication, maniant aussi habilement le thème de la nouveauté en politique, de la réussite dans le monde de l'entreprise, que les attaques sexistes de son adversaire.


La confrontation mercredi soir sur France 3 Aquitaine

La confrontation mercredi soir sur France 3 Aquitaine, Limousin, et Poitou-Charentes, pour le dernier grand débat avec les cinq principales tête de liste, sera décisive et elle s'annonce extrêmement périlleuse pour Alain Rousset qui sera seul face à ses 4 adversaires. Dans le rôle du challenger Virginie Calmels n'aura aucune pression, alors que son adversaire socialiste devra imposer sa vision, sans contrarier ses futurs partenaires du second tour Front de Gauche et les Ecologistes.

Car c'est là le paradoxe du Président sortant de l'Aquitaine : mobiliser toute la gauche dès le 1er tour, pour réaliser le meilleur score possible et maintenir une dynamique victorieuse mais sans trop affaiblir ses futures partenaires. Si le Front de Gauche (7%) et les écologistes (6%) devaient réaliser moins de 5 % des voix, dimanche prochain, et donc ne pas pouvoir se maintenir, ils n'auraient aucun intérêt à mobiliser leurs électeurs pour le second tour et donc à voter pour la liste PS.


Une équation complexe

L'équation devient donc extrêmement complexe pour Alain Rousset. Si au second tour, il est encore donné victorieux (39% des voix), l'écart de 2 points avec Virginie Calmels (37%) est désormais inférieur à la marge d'erreur alors qu'il était de 13 points en octobre et la dynamique indique clairement que les deux listes sont désormais au coude à coude et que la victoire est possible dans chaque camp.

Il est à noter que sur les trois régions que le PS pourrait conserver (Bretagne, Midi-Pyrénées et ALPC), c'est bien la "Nouvelle Aquitaine" qui est aujourd'hui la plus menacée. La défaite de la gauche constituerait un symbole national : les 3 régions actuelles sont des bastions de la gauche (le Limousin, ancienne terre d'élection de François Hollande, a toujours été dirigé par le PS, l'Aquitaine l'est depuis 18 ans, et le Poitou-Charentes depuis 2004) Une victoire de Virginie Calmels serait également mise au crédit d'Alain Juppé en vue des présidentielles et viendrait valider sa stratégie de rapprochement avec François Bayrou, les deux hommes s'étant hier encore affichés ensemble derrière leur candidate.
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