Championnats suspendus jusqu'à nouvel ordre, chômage partiel pour les joueurs, pas de recettes aux guichets, les clubs vont subir de plein fouet l'impact de la crise du coronavirus. Non sans conséquences.
De Laurent Marti, le président de l'UBB, à Vincent Merling, son collègue du Stade Rochelais et bien d'autres encore, joueurs, entraîneurs, dirigeants, le monde du rugby professionnel de la région a fait passer un message. Dans les médias ou sur les réseaux sociaux, le mot d'ordre est le même, délivré comme un mantra : restez chez-vous. Priorité à la santé donc mais cela n'empêche pas les décideurs de faire leurs comptes. Et ils seront probablement très mauvais dans quelques semaines, quels que soient les budgets.
Chômage partiel à l'UBB et Agen
La Ligue Nationale de rugby a voté vendredi dernier la suspension des championnats de France de Top 14 et Pro D2 jusqu'à nouvel ordre. L'instance travaille sur plusieurs cas de figure, tranmis aux cubs: une prolongation de la saison au-delà du 30 juin, ce qui poserait des problèmes aux joueurs en fin de contrat à cette date et à leurs employeurs, ou l'anulation du championnat. En attendant une amélioration de la situation sanitaire qui permettrait au moins la reprise de l'entraînement, plusieurs clubs ont mis joueurs et staff en chômage partiel. Ce dispositif permet d'économiser sur les salaires en faisant l'économie des charges puisque "seulement" 84 % du revenu net est versé. Chez le leader bordelais du championnat, les joueurs ont accepté cette baisse de salaires avec beaucoup de compréhension selon Laurent Marti. A la Section Paloise, La Rochelle, Agen, toute l'activité rugby est également mise en sommeil.
Les"valeurs" de l'ovale
Rugby à l'arrêt ou pas, cela n'empêche pas la grande famille de l'ovale de s'envoyer quelques baffes, question de culture. Le président de l'UBB a ainsi poussé un coup de gueule dans Sud-Ouest contre des responsables de clubs qui militeraient pour l'annulation pure et simple du Top 14. C'est le syndrôme Jean-Michel Aulas, le président des footballeurs de Lyon qui multiplient les propositions en Ligue 1 pour avantager son club, largué sportivementdans la course à la lucrative Ligue des Champions. Laurent Marti : "certains présidents seraient tentés de profiter de la situation pour foutre en l'air un championnat qui ne leur est pas favorable. On ne va pas se laisser faire. Il faut faire preuve d'honnêteté intellectuelle". Il a reçu le soutien du président de la Ligue Nationale Paul Goze, très attentif à ce que l'équité soit respectée.
Une aide aux clubs ?
Le quart de finale du Challenge Européen prévu le 1er avril au stade Chaban-Delmas entre Bordeaux-Bègles et Edimbourg est reporté, comme prévu. C'était l'assurance d'une belle recette de plus aux guichets pour le club bordelais qui possède la meilleure affluence d'Europe. Si ce match-là ne concerne pas la Ligue, la suspension du Top 14 va entraîner une perte importante de recettes aux guichets.
Dans un sport où les affluences sont en hausse partout, depuis le début de la saison, cela va faire très mal aux finances. Un mécanisme de solidarité pourrait être instauré. Ses modalités seront étudiées dans quelques semaines en fonction de la durée de la suspension du championnat. Car parfois, la grande famille du rugby est capable d'être solidaire.