Des journées de travail harassantes, des agents en burn-out et une direction qui détourne le regard. En France, le mal être des forces de l’ordre est grandissant, et n’épargne pas le Limousin, comme en témoigne anonymement une policière.
A visage caché, cette policière a bien voulu témoigner, et son récit est glançant :
Après 20 ans de carrière, elle souffre d’épuisement professionnel. Un mal qui, selon elle, touche beaucoup de ses collègues.On a tous eu un jour cette idée de se dire « je ne vois pas le bout, je suis dans ma voiture, je mets un coup de volant » et en finir avec tout ça.
Depuis le début de l’année en France, 45 policiers et 16 gendarmes se sont donné la mort. Des chiffres inquiétants qui ont fait réagir le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb. Dimanche dernier, il a demandé une évaluation des mesures engagées pour prévenir les suicides des forces de l’ordre.
Peu de prise en charge des agents en burn-out
Or, selon la policière anonyme que nous avons interviewée, la direction nie le problème.
On a été convoqués par le médecin de la police qui allait dans le sens de notre hiérarchie, c’est-à-dire reprendre absolument [le travail], malgré ce qu’on dénonçait.
L’agent dénonce également le manque d’accompagnement. Un seul un psychologue s’occupe de toute la zone du sud-ouest.
Quand on voit les solutions qui nous ont été apportées par la médecine et les psychologues, on se dit que le passage à l’acte est presque provoqué par l’administration.
« Jamais autant de policiers désarmés »
Depuis plusieurs mois déjà, les syndicats des forces de l’ordre ont haussé le ton pour alerter sur la situation. Selon Grégory Hugues, le représentant régional du syndicat SGP Police, les services en Limousin sont gravement touchés.
Le syndicaliste dénonce un problème qui n’est pas traité, et une direction qui nie le problème pour ne pas porter la responsabilité.[Le burn-out] est en train d’exploser : jamais autant de policiers ont demandé à être désarmés ou l’ont été d’office. Même ici en Limousin, il y en a eu plusieurs ces dernières semaines. Ce n’est pas anodin.
Le ministre de l’Intérieur a prévu de recevoir l’ensemble des syndicats pour « pour faire le point sur les procédures qui existent, afin de déceler ceux qui, dans une situation de fragilité particulière, pourraient, le cas échéant, décrocher, voire passer à l'acte », a-t-il déclaré à l’AFP.Ce qui est étonnant aujourd’hui, c’est que le burn-out dans la police, on ne l’appelle pas « burn-out », on l’appelle « faiblesse ». Le collègue qui dit à ses collègues « je vais craquer », il est mis à l’écart, parce que la machine à broyer va continuer et qu’on ne va pas s’occuper de ça.