Thouars : une infirmière en hôpital psychiatrique décède après une agression à l'arme blanche

Jeudi 13 février, une infirmière de l'hôpital psychiatrique de Thouars est décédée, agressée à l'arme blanche par un patient. L'homme a été interpellé et placé en détention provisoire. Une enquête a été confiée à la police judiciaire de Poitiers.

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Une infirmière de l'hôpital psychiatrique de Thouars, dans le nord des Deux-Sèvres, est décédée ce jeudi 13 février à la suite d'une agression. Un patient, interné depuis 15 jours pour des troubles du comportement, lui aurait porté au moins un coup de couteau au thorax.

Une enquête de flagrance a été ouverte pour meurtre et tentative de meurtre sur des personnes chargées d'une mission de service public, a indiqué le parquet de Poitiers.Le suspect présumé, un homme âgé de 20 ans, cherchait à quitter l'hôpital dans la matinée lorsqu'il s'en est pris à l'infirmière. Les circonstances exactes de l'agression ne sont pas encore précisément connues. La jeune femme de 30 ans, mère de deux enfants, transférée vers Poitiers, a succombé à ses blessures dans l'après-midi.

Une des priorités de l'enquête est de savoir comment le suspect s'est procuré une arme blanche
- Natacha Rateau, procureure de la République à Niort.

Ce vendredi matin, l'émotion était vive auprès du personnel de l'hôpital. "On est tous abattus, témoigne l'un des membres de l'unité psychiatrique. Ça aurait pu être n'importe qui, on est une équipe, et c'est pas tolérable de voir des choses comme ça."

Une cellule psychologique a été activée et plusieurs membres du personnel ont été pris en charge. Une réunion en présence d'un délégué ministériel à la santé mentale se tient actuellement entre la direction et les représentants du personnel. L'agresseur a été interpellé, placé en garde à vue, puis présenté devant le juge qui a ouvert une information judiciaire du chef d'assassinat. Le jeune homme (20 ans) a été placé en détention provisoire. Une enquête a été ouverte et confiée à la police judiciaire de Poitiers, pour déterminer, entre autres questions, comment le suspect a pu se procurer le couteau.

Ce genre de tentative de fuite arrive régulièrement mais il était impossible de prévoir que ce patient serait armé d'un couteau. Cela met en lumière le manque de moyens de l'hôpital en général et de la psychiatrie en particulier.
- Un collègue de la victime.

Ce drame fait écho au meurtre qui avait eu lieu en octobre 2019 dans une unité psychiatrique de Nieuil-L'espoir : une patiente de 29 ans avait été retrouvée morte étouffée dans son lit.

Vendredi 14 février 2020, une journée nationale de mobilisation était organisée auprès du personnel hospitalier pour réclamer plus de moyens et l'augmentation des effectifs dans les établissements et les manifestants ont évidemment tenu à apporter tous leur soutien à la famille de la défunte.

Les patients évacués et transférés

Plus de 72 heures après le drame, le personnel hospitalier n'est pour l'instant pas en mesure d'assurer son travail. Sur 60 personnes, 50 sont en arrêt maladie. L'Agence Régionale de Santé a décidé de transérer les patients soit vers leur domicile pour les patients les moins fragiles, soit dans des familles d'accueil ou dans d'autres structures de la région.

Nous avons eu le soutien fort de centres hospitaliers comme Saumur, Chinon, Poitiers ou Niort pour permettre d'autres affectations mais aussi au sein même du centre hospitalier Nord Deux-Sèvres, vers des soins de suite ou même en Ehpad.
- Laurent Flament, Directeur de la délégation départementale de l'ARS (79)

Cette situation devrait se poursuivre au moins jusqu'au 24 février prochain.

Les circonstances du drame se précisent

Cinq jours après le drame, le déroulement des faits se précise. Selon nos confrères de La Nouvelle République, le patient mis en examen se trouvait à bord d'une voiture en stationnement avec un membre de son ancienne famille d'accueil.
Deux infirmières, dont la victime, se sont approchées du véhicule pour demander à l'homme de 20 ans de rentrer au centre de psychothérapie de Thouars. Le suspect se serait alors saisi d'un couteau qui se trouvait dans le véhicule avant de poignarder l'infirmière de 30 ans. Il a reconnu les faits devant les enquêteurs.

Diagnostiqué "psychotique", le patient était connu des services de police en raison de faits de violence commis lorsqu'il était mineur. Souffrant de troubles psychiatriques depuis son enfance, il aurait été hospitalisé une douzaine de fois. Il était au Centre hospitalier Deux-Sèvres depuis le 24 janvier dernier après une admission volontaire. L'homme aurait demandé à quitter l'hôpial, mais le psychiatre qui le suit lui avait fait part de son intention de le garder, le jour même des faits. 

Le suspect, placé en détention provisoire au centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan (Gironde), a été mis en examen pour assassinat et tentative d'assassinat. La préméditation a été retenue en raison de menaces de mort qu’il aurait proférées avant de passer à l’acte. Le suspect encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Les obsèques d’Elodie la jeune infirmière auront lieu jeudi 20 février 2020 à Saumur (Maine-et-Loire). Une cagnotte sur les réseaux sociaux a été créée par le syndicat FO du Centre hospitalier Nord Deux-Sèvres pour venir en aide et soutenir sa famille.

Pas de minute de silence à l'Assemblée nationale

Ce mardi 18 février 2020 à l'Assemblée nationale, la députée La France Insoumise Caroline Fiat a demandé une minute de silence en hommage à l'infirmière. Une démarche à laquelle s'est opposée le président Richard Ferrand (LREM), lui répondant qu'il "ne peut y avoir dans cet hémicycle de minutes de silence à l'initiative d'un député ou d'un groupe". 
 

 

Anne-Marie Baillargé, Alexandra Lassiaille et Christophe Pougeas ont rencontré la femme d'un patient hospitalisé dans ce service et qui a été, comme tous les autres patients, transférés dans un autre établissement.

 
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