Le Premier ministre, Manuel Valls, a présenté ce matin un nouveau plan de soutien aux agriculteurs après les très mauvaises récoltes de cette année.
L'Etat va garantir la moitié des emprunts des agriculteurs en difficulté, afin de leur permettre d'emprunter auprès de leurs banques aux mêmes taux que s'ils étaient en bonne santé financière.Le gouvernement va également augmenter l'enveloppe attribuée aux aides à la reconversion professionnelle des agriculteurs et mettre en place avec la Sécurité sociale agricole (MSA) des possibilités de remplacement gratuit pour les exploitants victimes d'épuisement professionnel ("burn out") mais aussi davantage de retraites anticipées, a précisé le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll.
Céréales : 30% de récoltes en moins en 2016
Autres mesures financières: l'"année blanche", c'est-à-dire le report de remboursement de prêts, va être prolongé de deux mois jusqu'à fin décembre. Et les céréaliers pourront bénéficier d'un dégrèvement supplémentaire, sur les prairies, de leur taxe foncière.
Face à une récolte céréalière en chute de près de 30% après les intempéries catastrophiques du printemps, qui vient s'ajouter à une crise persistante de l'élevage et du secteur laitier, l'exécutif avait promis un plan de soutien dès la fin juillet. Notamment en matière de refinancement bancaire, alors que de nombreux agriculteurs sont étranglés de dettes.
De 80 000 à 100 000 exploitations en manque de trésorérie
La principale mesure du nouveau "plan de consolidation et de refinancement de l'agriculture", le troisième plan d'aide présenté depuis l'été 2015, va dans ce sens: l'Etat va se porter caution à hauteur de 50% des prêts, via la banque publique d'investissement.
Un fonds de garantie, où l'Etat verserait selon Matignon de 50 à 100 millions d'euros, doit permettre de débloquer 1,5 milliard d'euros de prêts des banques privées pour les agriculteurs en difficulté. Entre 50.000 et 80.000 exploitants devraient bénéficier de la mesure.
Le gouvernement avait adopté un premier plan de soutien à l'élevage français en juillet 2015, renforcé en septembre puis en janvier, qui comprenait des mesures pour un montant de 700 millions d'euros, auxquels se sont ajoutés 63 millions venant de l'Union européenne. Ce plan a permis de traiter l'an dernier 45.000 dossiers, mais le ministère estime que dans le pays, 80.000 à 100.000 exploitations ont aujourd'hui besoin d'être refinancées, faute de trésorerie.
500 agriculteurs en difficulté dans la Vienne
Dans la Vienne par exemple, 15% des fermes du département sont gravement menacées ce qui représente environ 500 agriculteurs. Face à la crise que traverse le monde agricole, banques, exploitants agricoles et élus ont lancé un appel d'urgence à la Nouvelle-Aquitaine pour compléter le plan d'aide gouvernemental.
Edouard Viaud est un jeune agriculteur installé depuis 2012. Il est à la tête avec son frère d'un cheptel de 400 bovins destinés à la viande. Cette année, ces récoltés de céréales destinées à nourrir ces bêtes ont été divisées par deux. Il estime ses pertes à 50 000 euros pour l'année 2016. Nous l'avons rencontré à l'occasion de la conférence agricole départementale qui s'est tenue à Chauvigny.
Reportage d'Anne-Marie Baillargé, Julien Delage et Christophe Pougeas