Vaccin Covid-19 : l’épineux problème du consentement des résidents dans les Ehpad

Dans la Vienne, trois Ehpad se sont portés volontaires pour faire partie des premiers établissements à administrer le vaccin contre la Covid-19 à ses résidents. Mais les dispositions légales pour recueillir leur consentement posent question à certains professionels de santé.

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Après les premières injections symboliques réalisées dimanche dernier à Sevran et Dijon, l’élargissement de la campagne de vaccination contre la Covid-19 dans les Ehpad va débuter la semaine de la rentrée dans la Vienne. Sur les 23 établissements pilotes en France pour cette première vague vaccinale, trois sont situés dans ce département.

  • Le Logis des cours, à Béruges
  • L’Orée du Verger, à Verrières
  • L’Ehpad Sainte-Elisabeth, à Béthines

Un nombre incertain de volontaires

Après demande de l’ARS, tous les Ehpad de France ont organisé  "une campagne de pré-consentement qui a pris fin le 15 décembre", détaille Natacha Renault, directrice de l’Ehpad de l’Orée du Verger. Une première étape essentielle afin d’avoir une idée des doses nécessaires à commander.

Un nombre sans doute sujet à évolution. "Les gens ont autant peur du vaccin que de la maladie" remarque Natacha Renault. "Beaucoup attendaient d’avoir plus d’éclaircissements sur le vaccin avant de se prononcer. Maintenant que nous avons toutes les informations, nous pourrons mieux informer les personnes concernées".  [NDLR : La Haute Autorité de Santé a autorisé le 24 décembre l’utilisation du vaccin contre la Covid-19 développé par les laboratoires Pfizer et BioNTech].

Début des consultations pré-vaccinales

Les établissements entrent maintenant dans la phase 2 du plan prévu par le gouvernement : il s'agit d'organiser les consultations pré-vaccinales avec le médecin traitant ou le coordinateur de l'Ehpad, au plus tard 5 jours avant la première injection. Un moment clé pour vérifier les contre-indications, permettre au médecin de discuter des bénéfices et des risques avec chaque patient, et répondre aux questions encore en suspens. Obligatoire pour tous les résidents, c’est à ce moment-là que leur décision sera véritablement consignée.

Mais qu'en est-il pour les personnes âgées ayant perdu pleinement leur faculté de jugement ? "Quand le résident n’est pas en capacité de choisir, c’est la personne de confiance ou l’entourage familial qui sont consultés", explique Olivier Piroëlle, directeur de l’Ehpad du Logis des cours.

On est face à un déni de justice.

Eric Fregona, directeur adjoint de l’AD-PA

Problème : tous les résidents d'Ehpad n’ont pas forcément pu désigner une personne de confiance. Une situation courante chez ceux qui ont vu leur état de santé se dégrader rapidement. 

"Il existe une véritable zone grise, qui concerne les personnes âgées présentant de nombreux troubles cognitifs et qui de ce fait sont en extrême difficulté pour exprimer leur consentement", déplore Eric Fregona, directeur adjoint de l’AD-PA (Association des Directeurs au service des Personnes Âgées).

Le calendrier mis en place par le gouvernement, d'après lui trop rapide, ne laisse pas le temps de recueillir convenablement le consentement de certaines personnes âgées.

"Aujourd’hui, le protocole propose une visite de pré-vaccination et d’associer en premier lieu une personne de confiance ou un membre de la famille si ce n’est pas possible… Mais cela ne répond pas à la question de la protection juridique des personnes âgées", rappelle Eric Fregona.

Selon lui et plusieurs autres professionnels de l'AD-PA, la France accuse un retard certain en matière de protection des personnes en incapacité de formuler leur volonté. "La campagne de vaccination contre la Covid-19 met en lumière le défaut existant de garantie du droit des personnes âgées. On est face à un déni de justice."

Les campagnes vaccinales doivent être généralisées à l’ensemble des Ehpad à la mi-janvier. De quoi laisser le temps au gouvernement de remplir son objectif d'un million de vaccinations d'ici la fin février.

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