L’assemblée générale de la CLI, commission locale d’information sur la centrale nucléaire de Civaux, a été l'occasion de faire un point d'étape sur ce que l'on sait des fissures détectées en novembre dernier proches du circuit primaire de refroidissement. Des doutes subsistent sur l'explication de ces défaillances et suscitent l'inquiétude.
A l'arrêt depuis le 19 novembre dernier, la production d'électricité nucléaire de la centrale de Civaux ne devrait pas reprendre avant le 31 juillet au mieux, selon les prévisions d'EDF.
En cause, des fissures détectées sur des tuyauteries connectées au circuit de refroidissement lors du contrôle décennal du réacteur 1 de la centrale. Dans un communiqué, EDF indiquait alors "par mesure de précaution, EDF a pris la décision de réaliser préventivement sur l’unité n°2 les mêmes contrôles que sur l’unité n°1, sans attendre son arrêt de maintenance programmé à l’été 2022".
Annoncé d'abord pour une durée d'un mois, l'arrêt de production se prolonge, car des doutes subsistent sur l'explication de ces fissures dues à "la corrosion sous contrainte".
Au moins huit fissures détectées
Lors de l'assemblée générale de la CLI, commission locale d’information qui se tenait ce mardi 22 février au conseil départemental de la Vienne, les responsables d'EDF ont précisé qu'au moins huit fissures ont été détectées sur des tuyaux connectés au circuit primaire de refroidissement du réacteur N°1.
Ces fissures sont principalement situées aux abords des soudures des coudes de ces tuyaux, associés à ceux qui permettent d’évacuer la chaleur dégagée dans le cœur du réacteur grâce à une circulation d’eau sous pression.
La plus importante fait 5,6 mm de profondeur, sur toute la circonférence d'un tuyau de 25 millimètres d’épaisseur.
Des informations qui inquiètent certains membres de la CLI, comme Jacques Terracher, délégué de l’association écologiste ACEVE : "On a appris que la fissure principale qui a été découverte était annulaire et faisait le tour du tuyau à l'intérieur. Ça me paraît extrêmement grave et extrêmement inquiétant"
Des expertises en cours
Quatre coudes des tuyaux incriminés ont été déposés et font l’objet d’analyses, sous le contrôle de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui précise qu'"EDF poursuit ses investigations afin de déterminer les causes de cette corrosion et d’identifier les autres zones et réacteurs possiblement concernés."
Une énergie sûre ?
Le même phénomène de fissures a été observé sur le circuit de refroidissement de la centrale nucléaire de Chooz (Ardennes), et sur celui de la centrale de Penly (Seine-Maritime). Pour l'heure, "Les quatre réacteurs de 1450 MWe de Civaux et Chooz, ainsi que le réacteur 1 de Penly sont à l’arrêt et font l’objet de contrôles complémentaires visant à déterminer les zones et circuits affectés par le phénomène de corrosion sous contrainte."
Ces cinq réacteurs à l'arrêt représentent 12% de la capacité de production d'électricité nucléaire en France.
Des contrôles et investigations sont en cours sur l'ensemble du parc nucléaire français (19 centrales, 56 réacteurs) qui pourraient conduire à la mise à l'arrêt d'autres sites.