Confronté à la pénurie de main d'œuvre, un carrossier automobile de Châtellerault se fait remarquer depuis quelques jours en proposant, non sans humour, du travail sur des panneaux publicitaires.
"Envie de travailler avec le sourire, des horaires de fonctionnaire et un salaire de ministre, appelez-moi". Les automobilistes qui circuleront dans les rues de Châtellerault ces prochains jours ne manqueront sans doute pas de sourire lorsqu'ils verront les panneaux d'affichage commandés par Frédéric Beillouin.
Patron d'un établissement de carrosserie en plein développement, il le concède : "à un moment donné, il faut jouer la carte de l'humour pour y arriver". Depuis des mois, il recherche du personnel qu'il ne trouve pas, alors il s'est décidé à lâcher "un billet de 1.000 euros pour quinze jours", la durée de cette campagne d'affichage pour trouver enfin ses perles rares : trois carrossiers et un peintre.
Si la méthode est certes originale, elle met en lumière le manque criant de main d'œuvre dans ce secteur. Peintres, mécaniciens, carrossiers, débosseleurs sont activement recherchés ces derniers mois, mais les candidats ne se bousculent pas.
Pour Frédéric Beillouin, l'explication est toute simple : "le métier a été très mal valorisé depuis des années; et en plus, les centres de formation et d'apprentissage disparaissent".
C'est un métier passionnant qu'il faut ouvrir à tout le monde. Et ça commence dès le collège, lors des stages en entreprise. Je suis partisan de faire des interventions dans les écoles pour leur faire découvrir notre métier.
Tensions sur le métier
Selon une enquête datant de 2019 de l'ANFA, l'observatoire des métiers des services de l'automobile, les métiers de la carrosserie-peinture sont particulièrement en tension. Comme ceux de la mécanique, ils sont considérés comme à forte technicité.
Les salariés experimentés sont ainsi tout particulièrement recherchés par les entreprises qui "recrutent bien plus que la moyenne dans le vivier de travailleurs du secteur, réduisant ainsi les candidatures possibles."
Et la situation de progression actuelle du secteur n'arrange rien aux tensions déjà existantes. Les carrossiers-peintres pèsent pour 13,5% des recrutements alors qu'ils représentent 23,3% des recutements non aboutis.
En Nouvelle-Aquitaine, près d'un établissement sur cinq interrogé dans cette enquête se dit concerné par ces difficultés. Cela signifie que ses besoins en personnel ne sont pas comblés ; c'est l'un des taux les plus élévés de l'Hexagone.
Face à cette pénurie généralisée de personnel qualifié dans l'industrie notamment, le gouvernement prévoit de débloquer 1,4 milliard d'euros pour la formation afin d'adapter l'offre à la demande. Jean Castex est venu présenter son plan d'investissement dans les compétences en début de semaine à Châtellerault justement. On ignore si le Premier ministre a aperçu les affiches de Frédéric Beillouin.