Alors que l’usine fonte du Poitou à Ingrandes (Vienne) doit honorer les commandes jusqu’à sa fermeture, les salariés bloquent les expéditions depuis ce lundi. Ils protestent contre le groupe Liberty qui ne peut garantir les mesures d'accompagnement négociées dans le PSE.
La colère ne retombe pas aux Fonderies du Poitou. Alors que la fermeture de l’usine fonte du Poitou à Ingrandes (Vienne) est prévue en juin prochain, les salariés ont voté le blocage des expéditions ce lundi 22 mars “jusqu’à nouvel ordre”. Plus aucune marchandise, majoritairement des carters pour moteurs diesel prêts à être expédiés, ne sort des murs de l’usine.
“Ne rien faire reviendrait à accepter notre destin”
Motif de ce blocage : le groupe GFG-Liberty, qui avait repris les fonderies en 2019, “n'est pas en mesure de garantir l'accompagnement social au licenciement négocié à ce jour”, développe Alain Delaveau, représentant de l'intersyndicale CGT/CFE-CGC. “Nous ne sommes même pas sûrs de toucher nos salaires de mars... On veut qu'ils tiennent leurs promesses et avoir une garantie du PSE (plan de sauvegarde de l'emploi, ndlr)”. En cause : la mise en liquidation de la banque Greensill, le principal partenaire financier de Liberty.
Les syndicats estiment avoir épuisé tous les moyens d'action pour se faire entendre et comptent bloquer les expéditions jusqu’à nouvel ordre. “Ne rien faire reviendrait à accepter notre destin”, se désole de son côté Serge Rioult, délégué syndical CFE-CFC.
Si le PSE n’est pas financé, tous les accords négociés jusqu’ici tombent à l’haut. On ne pourra compter que sur Pôle Emploi pour s’en sortir… Et dans une zone industrielle comme la nôtre qui commence à être vraiment en difficulté, cela paraît compliqué.
"Et nous les Fonderies, on est où là-dedans ?"
Pour les syndicats, les 288 salariés concernés par la fin de l’activité “sont oubliés” par l’État, qui “se préoccupe de la fermeture d’autres sites également dirigés par GFG-Liberty" mais pas du site châtelleraudais, selon Alain Delaveau, représentant de l'intersyndicale CGT/CFE-CGC. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé lors d’une interview sur France Inter qu’un prêt de 20 millions d’euros sera débloqué pour venir en aide à l’aciérie Ascoval, propriété de CFG-Liberty.
#Ascoval "Je débloquerai un prêt de 20 millions d'euros qui sera disponible lundi pour garantir qu'il n'y ait pas de rupture d'activité", annonce @BrunoLeMaire #Narretepasleco @franceinter pic.twitter.com/fd0BAeoa8b
— Alexandra Bensaid (@Alex_Bensaid) March 20, 2021
Pour Alain Delaveau, cette annonce “relève de la provocation”. “Il défend le dossier Ascoval, c’est très bien. Et nous les Fonderies, on est où là-dedans ? On fait partie du même groupe !”
Dans un courrier adressé au ministère de l’Économie et des finances, les élus du personnel demandent ainsi à Bruno Le Maire d’intervenir "pour que les engagements pris par Liberty dans le cadre du plan social soient tenus".
La Fonderie Fonte est l’un des deux poumons économiques d’Ingrandes-sur-Vienne. La fin de la procédure de négociation du PSE est prévue pour le 6 mai.
Reportage d'Anastasia Nicolas , Thomas Chapuzot et Jennifer Russeil