Ingrandes-sur-Vienne : les anciens GM&S venus soutenir les salariés de la Fonderie Fonte menacés de perdre leur emploi

Trois cent manifestants se sont rassemblés ce jeudi 21 janvier 2020 aux Fonderies du Poitou, à Ingrandes-sur-Vienne, pour une manifestation de soutien aux salariés de la Fonderie Fonte. 292 emplois y sont menacés et la fermeture du site est annoncée pour 2021.

Certains sont venus de Caudan dans le Morbihan près de Lorient et travaillent à la Fonderie de Bretagne toujours sous la menace d'une fermeture, d'autres de Dunkerque dans le nord, de Cléon en Normandie mais aussi de La Souterraine dans la Creuse comme ces sept anciens salariés du sous-traitant automobile GM&S. On se souvient de ce conflit qui avait marqué le début du quinquennat d'Emmanuel Macron en 2017. Après plusieurs mois de combats, 157 employés du sous-traitant automobile travaillant pour les constructeurs français PSA et Renault ont été licenciés. 120 ont continué à travailler pour le repreneur du site creusois, LSI qui connaît aujourd'hui d'importantes difficultés. Les salariés ont subi plusieurs périodes de chômage technique et l'avenir du site est encore aujourd'hui assez incertain.

"C'est toujours les mêmes promesses et c'est toujours les mêmes échecs"

Ils étaient sept ce matin, six salariés de LSI et un ancien salarié licencié en 2017, à avoir fait la route depuis la Creuse. Ils ont répondu à l'appel lancé par la CGT de la Vienne et par la Fédération CGT de la Métallurgie pour le maintien du patrimoine industriel et de l'emploi en France. Parmi eux, Jean-Marc Ducourtioux, ancien délégué syndical GM&S et licencié en 2017, il a retrouvé du travail à mi-temps mais reste très amer et en colère face aux fermetures d'usines qui se répètent et se ressemblent.

A Ingrandes, c'est exactement, le même cas que pour nous. Il s'agit de donneurs d'ordre qui se retirent et s'en foutent de la suite pour le sous-traitant.

Marc Ducourtioux, ancien délégué syndical GM&S et licencié en 2017

Le conflit en cours aux Fonderies du Poitou, avec le PSE (Plan de sauvegarde de l'Emploi) en négociation à la Fonderie Fonte, lui évoque celui que les salariés de GM&S ont mené.

On a discuté comme eux certainement à Bercy avec des gens compétents, avec monsieur Le Maire, aujourd'hui ministre, et avec d'autres avant et c'est toujours le même discours, toujours les mêmes promesses et c'est toujours les mêmes échecs, exactement les mêmes échecs, c'est ça que je trouve déplorable.

Marc Ducourtioux, ancien délégué syndical GM&S et licencié en 2017. 

Un film et un projet de loi

Les anciens salariés de GM&S ont donné un écho national à leur combat qui avait même fait l'objet d'un film, présenté à Cannes, "On va tout péter" et aujourd'hui, Marc Ducourtioux voudrait que le débat se déplace sur le terrain législatif.

On a un projet de loi qu'on a déposé et qui attend à l'Assemblée nationale dont tout député peut se saisir car au bout d'un moment les chartes, voilà ce que ça donne. Il faut une loi qui légifère sur les rapports entre donneurs d'ordre et sous-traitants.

"Les groupes financiers qui rachètent les usines montrent peu d’intérêt à nos vies, nos emplois, nos conditions de travail, nos entreprises… Ils spéculent et délocalisent pour toujours plus de profits." questionne en retour la fédération CGT de la Vienne qui avait appelé à la manifestation.

"La politique des petits pas" pour la CGT de la Fonderie Fonte

A la Fonderie Fonte, sur le site d'Ingrandes, le PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi) a été lancé en décembre dernier. Il concerne les 292 employés du site dont la fermeture est prévue en 2021 par le groupe Liberty Alvance, propriétaire des Fonderies du Poitou qui comprennent deux usines, une branche Alu et une branche Fonte. L'annonce de la fermeture a fait suite à la décision de Renault de ne pas confier à la Fonderie Fonte la fabrication de son dernier carter, le K9Gen8 dont la production va se faire en Espagne.

Deux réunions de négociations du PSE ont déjà eu lieu entre la direction et les syndicats. Elles ont permis aux représentants des salariés d'obtenir des  avancées sur une hausse de la prime supra légale, initialement de 27.000 euros et sur la durée du congé de reclassement passant de 10 à 12 mois.
"Des petites avancées" juge Thierry Waye, délégué syndical CGT des Fonderies du Poitou.

On fera une politique des petits pas mais il est indispensable de discuter avec cette direction et qu'elle nous écoute, qu'elle écoute les attentes des salariés. La prime c'est important car c'est une forme de reconnaissance du travail fait dans l'entreprise pendant des années mais derrière il faut avoir un mode de fonctionnement en matière de reconversion qui permette aux gens de retrouver un emploi dans la Vienne ou dans les départements limitrophes de façon à ne laisser personne sur le carreau.

Thierry Waye, délégué syndical CGT des Fonderies du Poitou

Une troisième réunion de négociations autour du PSE doit avoir lieu la semaine prochaine avec un rendez-vous plus important attendu à la mi-février 2021.

Reportage d'Isabel Hirsh et Stéphane Bourin

 

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