Confinement. Le regard de Davina Gelek Drölkar, moniale bouddhiste à Haims, dans la Vienne

Davina Gelek Drölkar, moniale bouddhiste installée à Haims dans la Vienne (86) au sein du monastère Chökhor Ling (qu'elle a fondé), nous donne sa vision sur cette crise sanitaire du coronavirus et son regard sur le confinement.

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Davina Gelek Drölkar est moniale bouddhiste, professeur de yoga et psychothérapeute. Son parcours de vie et ses formations lui permettent d'avoir aujourd'hui de nombreuses clés pour comprendre et observer le monde. Nous l'avons interviewée afin d'avoir son analyse sur ce bouleversement mondial, parti d'une crise sanitaire. 

France 3 : En tant que bouddhiste, quel regard portez-vous sur cette crise sanitaire mondiale ?
Davina Gelek Drölkar : C'est une période qui permet le retour sur soi-même et de se poser des questions essentielles : Comment gérer son existence ? Comment le monde gère le monde ? Comment en est-on arrivé là ? Comment une cellule invisible a-t-elle provoqué un chaos mondial ?

France 3 : Est-ce que les réponses passent par la méditation ?
DGD : Si les gens qui n'ont jamais médité se mettent à méditer, cela ne va pas du tout le faire ! L'idée est plutôt de prendre le temps de réfléchir tranquillement, la fenêtre ouverte quand il fait beau. Il ne s'agit pas non plus de se torturer l'esprit mais de revenir à des choses simples, comme par exemple se détendre, regarder le ciel, les nuages, écouter l'extérieur. Il n' y a plus les bruits habituels des voitures, on entend les vrais sons de la nature, les oiseaux, le vent…. Ils font partie du silence qui va nous permettre de reconstruire. Car ce qui va suivre, ne sera pas du même ordre qu’avant...

France 3 : Peut-on imaginer un changement positif ?
DGD : Oui, mais… il ne faut pas se leurrer non plus. Les changements apportent des difficultés. Si nous ne faisons pas d’efforts pour nous transformer et transformer le monde, cela ne sera pas positif. Quand les choses bougent, indépendamment des volontés, cela veut dire que le moment du changement est venu, mais qu’on ne va pas refaire les mêmes schémas. Il faut être clair, tout ne va pas être extraordinaire après. Il vaut mieux se mettre en condition d’accueillir les changements plutôt que de les voir s'imposer par les événements.

Rien n’est facile, la vie est une expérience qui nous amène, selon nos choix, sur un terrain doux ou violent. Le bonheur dépend des choix des uns et des autres.
Davina Gelek Drölkar


France 3 : Votre conseil est de plutôt réfléchir que de méditer, si on n’y est pas habitué ?
DGD : Mon conseil est de s’engager soi-même à faire partie du monde, pour qu’il y ait moins d’individualisme et plus de partage. Aujourd’hui la priorité des gens, c’est le matérialisme qui induit l’individualisme. Or, c’est ça qui doit d’abord changer.
Il y a actuellement trop d’inégalités aujourd’hui, pour qu’il n’y ait pas de bouleversement. Il faut arrêter de se regarder soi même, de chercher ses propres bénéfices personnels. Cherchons plutôt comment être heureux tous ensemble, en explorant tous les domaines, même la façon de se nourrir. Tout ça c’est une révision, un retour au fondamental : revenir au plus naturel, un naturel que l’on a bafoué sur tous les plans de notre être.

France 3 : Comment, vous, à titre personnel, vivez vous ce confinement ?
DGD : Le mot confinement ne veut rien dire pour moi en tant que moniale. Je le remplace par le mot méditation, au sens large, je pense au monde. Savourer la paix et le calme, c’est mon quotidien.
Je réfléchis aussi, justement, à tous ces changements et les contradictions de pensées que cela engendre. Méditer, ce n’est pas juste s’asseoir et méditer dans le vide. Il faut avoir un sujet, souvent une inquiétude. La méditation permet de l’envisager différemment dans l’ouverture et le calme.

France 3 : Vous n’êtes pas complètement coupée du monde car vous donnez des cours, des conférences, vous organisez des stages et des retraites...
DGD : Oui je suis toujours restée dans le monde car c’est notre terrain d’évolution. Mais quand je suis dans le monde pour mes activités, je regarde tout ça avec une certaine distance, sans pour autant m’en extraire.

En savoir plus
Qui est Davina Gelek Drölkar, aujourd'hui moniale bouddhiste ?
Retour sur cette personnalité que vous avez certainement connue dans les années 80, dans la célèbre émission Gym Tonic, co-présentée avec Véronique. Ci-dessous, son parcours et sa vie sont à découvrir dans cet entretien réalisé en 2015.


CARTE. Où se situe le Centre Monastique Chökhor Ling ?


 
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