Le professeur de philosophie du lycée Victor Hugo de Poitiers a-t-il tenu des "propos inadmissibles" lors de la minute de silence demandée en hommage aux morts de Charlie Hebdo ? Suspendu, il fait l'objet d'une enquête pour "apologie d'actes de terrorisme". Voici son témoignage.
Jean-François Chazerans n'en démord pas : il n'a pas prononcé des propos qui pouvaient apparaître comme un soutien à l'attentat commis par les frères Kouachi dans les locaux de Charlie Hebdo. Même si cet attentat l'a choqué et qu'il ne pouvait en aucune manière le légitimer, il avoue néanmoins être connu comme un professeur qui aime "provoquer les élèves pour les forcer à avoir une vision critique sur les événements."Est-ce une reconnaissance à demi-mots que certains de ses propos auraient peut-être été déplacés dans le contexte des attentats de Charlie Hebdo ? Il ne franchit pas cette ligne mais admet qu'étant un personnage connu pour ses engagement politiques dans la Vienne. Des parents d'élèves ont d'ailleurs évoqué des enregistrements audio réalisés pendant les échanges entre le prof de philo et sa classe. Jean-François Chazerans répond qu'un certain nombre de personnes ne sont pas mécontentes d'avoir trouvé le moyen de le mettre en difficulté.
Car en plus de sa suspension pour 4 mois qui l'interdit de poursuivre ses cours au lycée Victor Hugo, il fait maintenant l'objet d'une plainte déposée par le rectorat et d'une enquête du Parquet pour "apologie du terrorisme" confiée à la PJ de Poitiers. Des faits qui peuvent être punis jusqu'à 5 ans d'emprisonnement. Même si Jean-François Chazerans vit mal cette période, selon ses proches, il a décidé de se défendre et attend son passage devant le tribunal pour pouvoir expliquer ses méthodes pédagogiques.
Voici ce qu'il a confié à Isabel Hirsch et Sandrine Leclère.
Reportage d'Isabel Hirsch et Sandrine Leclère