À Poitiers, des commerçants se mobilisent contre la circulation à sens unique du faubourg du Pont-Neuf

Des commerçants sont vent debout contre la circulation à sens unique de la rue du faubourg du Pont-Neuf, projet de la mairie de Poitiers. Ce jeudi 21 octobre, ils ont mené une action choc pour alerter les riverains.

Un grand drap noir pour cacher la devanture et une phrase choc : "Le sens unique tue le commerce"

Ce message, noir sur blanc, est affiché sur six commerces de la rue du faubourg du Pont-Neuf ce jeudi 21 octobre, à quelques jours de la fin de la phase test d’une voie réservée aux vélos, bus et taxis.

Objectif des commerçants : alerter les riverains sur les conséquences d'une voie à sens unique dans cette rue de Poitiers, l'une des plus empruntées par les automobilistes.

Pas de concertation avec la mairie 

"Après le Covid, on a l’impression d’être punis une deuxième fois", se désole le président de l'association des commerçants du faubourg du Pont-Neuf, Stephan Hamache. Conscient des tensions entre cyclistes et automobilistes dans la rue, avec plus de "15.000 véhicules par jour", il regrette le manque de concertation avec la mairie.

L’association a proposé d’autres solutions à la mairie de Poitiers, comme passer en zone 30 avec interdiction de doubler les vélos. "Cette proposition que l'on a soumise en juin n’a pas été retenue." 

Selon la mairie, ce scénario, testé dans d'autres rues, n'est pas envisageable ici. "Dans la rue du faubourg du Pont-Neuf, nous souhaitons baisser la pression sur les cyclistes", explique Amir Mistrih, l'adjoint en charge de la sécurité et de la tranquilité publique. "Une zone 30 avec des vélos à 10km/h ne réglera pas le problème."

L'adjoint veut rassurer les commerçants : "Nous entendons leurs craintes. Nous pensons qu'une rue apaisée, avec plus de piétons et de vélos, permet aux commerces de vivre mieux."

"C’est la pagaille !"

Fabrice Maupin tient un salon de coiffure depuis 35 ans dans la rue du Faubourg-du-Pont-Neuf. Il constate que depuis le début de l’expérimentation, en septembre, son commerce a perdu en visibilité. "A chaque rentrée scolaire, nous gagnons en moyenne quatre nouveaux clients par jour", précise-t-il. "Cette année, on ne les a tout simplement pas eus." Selon lui, l’expérimentation du sens unique serait responsable d’une perte d’environ 15 % de son chiffre d’affaires.

Fabrice et les autres commerçants sont unanimes : il faut permettre aux voiture de continuer à circuler à double sens. "C’est la pagaille !", constate Diamantino Macedo, gérant du bar-tabac en haut de la rue depuis 27 ans. "Cela agace nos clients !"

C’est le cas d’Emmanuel, Poitevin qui prend cet itinéraire quotidiennement pour se rendre au CHU depuis le quartier de la gare. Il a l’habitude de s’arrêter au tabac. "J’ai été obligé de prendre la rocade, ça m’a rajouté 10 minutes de trajet !", s’agace-t-il, dénonçant une "fausse mesure écolo" de la mairie.  "Au final, je fais brûler de l’essence en plus à cause des déviations !"

"Presque 50 % de clients en moins"

Un peu plus bas dans la rue, l’épicerie Epi service a dû se séparer d’un salarié. "Notre clientèle en a pris un gros coup, en ce moment on a presque 50 % de clients en moins", regrette Moiz Bayach derrière la caisse. Qui sont ceux qui ont déserté les lieux ? "Ce sont surtout les personnes âgées qui n'ont pas d'autres choix que de se déplacer en voiture".

Michel, 86 ans et Renée, 83 ans, ont la chance d’habiter juste à côté de l’épicerie et de se rendre dans les commerces à pied. Pendant des décennies, ils ont tenu une pâtisserie dans ce qui est aujourd’hui devenu leur garage. "On l’a tellement connu comme une rue commerçante incontournable, c’est la misère de voir que les commerçants sont en danger", s’émeut Michel. "Le peu de commerces qu’il nous reste, on y tient !" Pour eux, la meilleure solution est d’imposer aux voitures la limitation à 30 km/h. "Ce serait un drame de voir cette rue désertée, on l’a toujours connue à double sens."

Pour l’association de commerçants, la solution serait "d’investir dans une vraie piste cyclable à long terme", conclut le président, Stephan Hamache. Conscient du budget pour un tel projet, il garde espoir : "Notre quartier le mérite".

En attendant, les commerçants proposent à leurs clients de répondre à un sondage pour se positionner sur les différentes propositions (sens unique en montée, en descente ou voie à 30 km/h). La décision de la mairie devrait tombée à la fin de l’année, pour s’appliquer au premier trimestre 2022.

 

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