Le tribunal de commerce de Saverne étudiait le mardi 16 juillet deux propositions de reprise pour le fabricant alsacien de chariots. Il a finalement décidé de placer l’entreprise presque centenaire en liquidation, faute de dossier viable.
L’avocat du Comité social et économique de l’entreprise Caddie n’a pas attendu le délibéré officiel de la chambre commerciale du tribunal judicaire de Saverne. Dès la sortie de l’audience, Me Pierre Dulmet annonçait la dure nouvelle aux quelques salariés et représentants syndicaux présents devant le palais de justice : "Il n’y aura pas de repreneur pour vous. On se dirige vers une liquidation dure. La cessation totale d'activité de Caddie sera formalisée dans les prochaines heures".
Plus de suspens donc sur le sort des 108 salariés encore en activité. Deux repreneurs potentiels étaient pourtant encore sur les rangs pour reprendre le fabricant emblématique de chariots, placé fin juin en redressement judiciaire pour la quatrième fois. C’est un arriéré de paiement de 700.000 euros dû à l’Urssaf qui a déclenché cette dernière procédure.
L'un des deux projets de reprise émanait du groupe nordiste Cochez, repreneur de l’entreprise de Dettwiller il y a deux ans grâce notamment à des fonds publics. Cette proposition de reprise ne concernait que 15 salariés sur la totalité des effectifs ce qui signifiait la fin de l’activité de production. Le site aurait été transformé en centre de reconditionnement.
L’autre dossier était porté par l’ancien directeur du site, Stephane Dedieu, écarté il y a deux ans, et qui avait la préférence des salariés : il proposait de conserver 42 personnes, en réduisant la production de chariots à une seule ligne. Cette offre était tributaire de l’obtention d'un investissement de 1,5 million d’euros.
Aucun dossier étudié à l'audience
Mais aucun de ces deux dossiers n'a finalement pu être étudié au cours de cette audience de la dernière chance, précise l'avocat des salariés. "Le procureur n'a pas accepté l'offre de M. Cochez donc celle-ci n'a pas été présentée. Quant à Stéphane Dedieu, il n'est pas parvenu à lever à temps les conditions suspensives, Son avocat a donc annoncé ce matin au tribunal qu'il ne présentait finalement pas son offre", a détaillé Me Dulmet.
A l'annonce de leur avocat, les visages des salariés s'assombrissent. Un silence pesant, lourd de sidération, accueille la nouvelle. Beaucoup ne s'y attendaient pas. Comme Aïci Hakim, entré dans l'entreprise il y a 35 ans : "c'est difficile. On s'attendait quand même à une reprise et qu'on allait pouvoir persister. J'ai passé quatre reclassements alors j'y croyais encore. C'est un coup dur", réagit-il avec tristesse, et avec une pensée pour les jeunes salariés qui vont devoir trouver des solutions de reclassement.